Si cette nouvelle édition a réuni de grands musiciens et de purs artisans de la scène, issus du Nord et de la rive Sud, comme Ahwach, sorti tout droit de Tiznit, ou encore, le groupe Hamawassa, dont le chanteur est originaire du Niger et deux musiciens de Bretagne, le parfum culinaire de la province de Zagora, a également distillé un joyeux mélange de safran, d'argan et de rose sur la place centrale de la ville. La thématique d'un atelier d'éducation sensorielle, intitulée «Aux origines du goût», a en effet proposé sous la houlette de Slow Food, représenté par des étudiants de Rabat, une dégustation des produits du terroir. Des expositions permanentes, initiées par les femmes issus de villages alentour, se sont ainsi tenues sur la place centrale de M'hamid El Ghizlane. Les festivaliers et les habitants ont (re) découvert l'artisanat tel que la poterie, les tapis, les bijoux, la vannerie, les cuirs, le fer forgé. Le moment fort de ce festival reste aussi, entre le chien loup, la dégustation du pain de sable, appelé mella, au beau milieu d'un bivouac planté dans le désert, sous le disque solaire rosissant se fondant à l'azur du ciel. Difficile de ne pas avoir envie de tout envoyer voler en éclats, du côté de la métropole casablancaise tant ce spectacle avec la nature et l'immensité rappelle que la vie est ailleurs et que nous avons à apprendre des nomades. Autre jalon ayant ponctué cet événement, la rencontre du groupe Arthur et Yerko. Ces deux jeunes passionnés de musique, et plus particulièrement de kora, offre un répertoire qui oscille entre composition personnelle, modernisant de surcroît la kora, et chansons traditionnelles. Un précieux alliage, qui a enflammé la scène du 9 mars dernier et porté les âmes en présence, vers les terres fauves d'Afrique de l'Ouest. Quant à Yasuyuki Ueda, artiste japonais qui voyage aux quatre coins du monde, en quête d'inspiration et d'influences nouvelles, il s'est produit en présentant l'Ydaki. Il s'agit d'un instrument traditionnel, joué en Australie, où Yas a été adopté par une tribu aborigène, les Yolngu. Grâce a cet instrument, joué par ce peuple nomade, Yas a déjà participé à de nombreux projets, mâtinés de sons indiens, jazzy mais aussi funk. La maîtrise de cet instrument, lui a de plus, été transmises par ses ancêtres japonais car l'Ydaki est en fait, joué dans le monde entier. D'autres formations, d'autres civilisations ont été représentées sur la scène de M'hamid, telles que Daqat Seïf, issue de la vallée du Draâ, Rythmes Nomade de Ouarzazate, Prends ton temps de Zagora. Enfin, samedi 10 mars, ce sont Nojoum Sahara, Moussa Bilalan Ag Ganta, Leïla El Berrak et Hatim Amour, qui ont clôturé les festivités. C'est sans conteste Mousaa Bilalan, ayant auparavant collaboré avec la Manonegra, qui a marqué cette dernière soirée. Cette grande voix, a chanté la paix, l'harmonie, et comme dirait l'une de mes consœurs, c'est leur Stevie Wonder local. Les femmes enveloppées dans des couvertures, accompagnées d'enfants ont suivi avec une attention particulière le spectacle. L'une d'entre elles a confié, assise à même le sable qu'elle devait braver le froid pour assister à ce dernier concert. Femmes, femmes, femmes….