L'Iran était au cœur de la rencontre hier entre Obama et Netanyahou. Pour empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire, Israël ne cesse de brandir la menace d'une attaque dite « préventive » contre Téhéran. Mais une telle opération semble bien peu plausible sans le soutien des Etats-Unis, qui sont de leur côté en plein retrait de leurs troupes en Afghanistan et en Irak. Pour Thierry Coville, chercheur à l'RIS spécialiste de l'Iran, la menace brandie par Israël relève plus d'une opération de communication. Dimanche, le président américain, qui s'exprimait à Washington devant le puissant lobby pro-Israël Aipac, a mis de nouveau en garde contre une telle initiative, regrettant qu'«on parle trop de guerre» contre l'Iran en ce moment. « Le gouvernement américain ne veut absolument pas d'une guerre », analyse Thierry Coville, dans un entretien accordé au Soir-échos. Toutefois, bien que peu favorable à une frappe, Obama ne peut pas lâcher son allié, et s'est dit prêt à utiliser la force contre Téhéran si nécessaire. En réaction au discours du président américain, Benjamin Netanyahou s'est félicité que Barack Obama ait réaffirmé que «toutes les options étaient sur la table» pour empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire. Décryptage de la situation avec le chercheur Thierry Coville. Alors que Barack Obama et Benjamin Netanyahou se rencontrent à Washington, l'hypothèse d'une frappe préventive d'Israël contre l'Iran est de plus en plus évoquée, mais est-elle plausible ? Non, je pense qu'il y a beaucoup de communication. Le gouvernement américain ne veut absolument pas d'une guerre car ce serait à lui de recoller les morceaux et de gérer les retombées du conflit. Les Etats-Unis retirent leurs troupes d'Afghanistan et d'Irak et ils ne veulent pas d'une nouvelle guerre. De plus, du côté israélien, ils savent qu'il s'agirait d'une opération difficile à mener, et dont les retombées seraient négatives pour l'Etat hébreu. Comment cette hypothèse d'une frappe est-elle perçue en Iran ? Le gouvernement iranien dit qu'il n'y croit pas. Il pense que cela serait un risque inconsidéré de la part d'Israël et déboucherait sur une 3e guerre mondiale. Quant à la population, il n'y a pas de panique, l'information est relayée, mais avec la révolution, la guerre en Irak et en Afghanistan, les gens sont en quelque sorte habitués. En Iran, les conservateurs viennent de remporter les Législatives. Quel sera l'impact de ces résultats sur la scène politique iranienne ? Cela ne va pas changer grand -chose. Cela peut affaiblir un peu plus Ahmadinejad, étant donné qu'il y a plus de conservateurs qui lui sont opposés. Depuis quatre ans déjà, le Parlement est très opposé à Ahmadinejad et avec ces résultats, la guerre entre les deux va continuer. Il ne reste plus qu'un an de mandat pour Ahmadinejad, et le scénario d'une destitution est peu envisageable. Toutefois, ce que ces résultats signifient, c'est qu'Ahmadinejad aura du mal à imposer quelqu'un de son courant pour la prochaine élection.