Intervenant dans un contexte de vives tensions, l'attaque de l'ambassade britannique à Téhéran vient mettre le feu aux poudres. Le professeur Thierry Coville, spécialiste de l'Iran, analyse les enjeux de cette crise entre Téhéran et les pays occidentaux. Des manifestants proches de la ligne dure du régime iranien saccagent les documents et le drapeau de l'ambassade britannique, mardi à Téhéran. Après l'attaque de son ambassade à Téhéran, ce mardi, par quelques dizaines de manifestants, le Royaume-Uni a annoncé hier l'évacuation de tout son personnel vers les Emirats Arabes Unis. Dans son sillage, la Norvège a annoncé hier la fermeture « provisoire » de son ambassade pour des raisons de sécurité. L'occupation et le saccage de l'ambassade britannique interviennent alors que Londres a adopté la semaine dernière de nouvelles sanctions contre le programme nucléaire iranien controversé. Ce lundi, le Parlement iranien avait voté, en réponse, une loi prévoyant l'expulsion de l'ambassadeur britannique à Téhéran et la réduction des relations entre les deux pays. L'Union européenne ainsi que le Conseil de sécurité de l'ONU ont souligné le caractère « inacceptable » de l'attaque survenue ce mardi. Contacté par Le Soir échos, le professeur Thierry Coville, spécialiste de l'Iran et enseignant à l'Ecole Novancia à Paris, décrypte la stratégie de tensions entre l'Iran et l'Occident. Selon lui, l'Iran est « diabolisé » à des fins politiques et géostratégiques. Après l'attaque de son ambassade à Téhéran, ce mardi, par quelques dizaines de manifestants, le Royaume-Uni a annoncé hier l'évacuation de tout son personnel vers les Emirats Arabes Unis. Dans son sillage, la Norvège a annoncé hier la fermeture « provisoire » de son ambassade pour des raisons de sécurité. L'occupation et le saccage de l'ambassade britannique interviennent alors que Londres a adopté la semaine dernière de nouvelles sanctions contre le programme nucléaire iranien controversé. Ce lundi, le Parlement iranien avait voté, en réponse, une loi prévoyant l'expulsion de l'ambassadeur britannique à Téhéran et la réduction des relations entre les deux pays. L'Union européenne ainsi que le Conseil de sécurité de l'ONU ont souligné le caractère « inacceptable » de l'attaque survenue ce mardi. Contacté par Le Soir échos, le professeur Thierry Coville, spécialiste de l'Iran et enseignant à l'Ecole Novancia à Paris, décrypte la stratégie de tensions entre l'Iran et l'Occident. Selon lui, l'Iran est « diabolisé » à des fins politiques et géostratégiques. L'ambassade de Grande Bretagne à Téhéran a été attaquée ce mardi. Quels facteurs expliquent, selon vous, cet événement ? Ce genre d'actions est rarement spontané. Manifestement, ce sont les éléments les plus radicaux qui ont voulu cette attaque. Ils cherchent la stratégie de la tension, suite aux nouvelles sanctions prononcées par Londres. Cette action est une manière de répondre, c'est de la communication pour marquer le fait qu'ils ne se laisseront pas faire. Le ministère iranien des Affaires étrangères a exprimé « ses regrets pour le comportement inacceptable d'un petit nombre de manifestants ». Mais, derrière ses propos, quelle est l'implication du régime dans l'attaque ? Le pouvoir iranien est très divisé. Les Affaires étrangères ont une diplomatie et, évidement, ils ne préviennent pas les diplomates. C'est la partie la plus radicale du régime, les Bassidjis, qui ont fait ça. C'est une réponse aux propos des pays occidentaux qui menacent d'attaquer l'Iran et notamment au ministre des Affaires étrangères britannique, William Hague, qui a déclaré que l'option militaire restait sur la table. Thierry Coville Le dernier rapport de l'AIEA a été présenté comme confirmant les soupçons des Occidentaux sur la fabrication de l'arme nucléaire par Téhéran. Qu'en est-il exactement ? En réalité, le dernier rapport est plutôt favorable à l'Iran. Il admet que l'Iran a arrêté son programme depuis 2003. Depuis, on a des informations éparses qui parlent de militarisation du programme, mais il y a eu un arrêt du programme, notamment suite aux efforts de négociations. Il y a des tentatives, mais le régime ne veut pas réellement la bombe. Il y a beaucoup de fausses communications sur le rapport. Le dernier rapport de l'AIEA a été présenté comme confirmant les soupçons des Occidentaux sur la fabrication de l'arme nucléaire par Téhéran. Qu'en est-il exactement ? En réalité, le dernier rapport est plutôt favorable à l'Iran. Il admet que l'Iran a arrêté son programme depuis 2003. Depuis, on a des informations éparses qui parlent de militarisation du programme, mais il y a eu un arrêt du programme, notamment suite aux efforts de négociations. Il y a des tentatives, mais le régime ne veut pas réellement la bombe. Il y a beaucoup de fausses communications sur le rapport. A qui profite cette « communication » justement ? C'est toujours facile d'avoir un méchant dans la région. Israël exagère la menace iranienne pour des raisons intérnes. De son côté, Obama, en perte électorale, essaye de montrer ses muscles sur le plan extérieur pour reconquérir son électorat. Et enfin, l'Angleterre suit un peu aveuglement la ligne américaine. Pour la France, alors qu'autrefois elle essayait d'avoir une politique indépendante des Etats-Unis, aujourd'hui, elle adopte une politique plus radicale. Depuis la publication de ce rapport, les pays européens et les Etats-Unis menacent Téhéran de sanctions. Pourquoi la voie du dialogue et de la négociation semble-t-elle exclue ? Les pays occidentaux partent du principe que l'Iran ment et qu'on ne peut négocier avec eux. Or, c'est faux. Il y a beaucoup d'intérêts à maintenir une stratégie de tensions avec l'Iran. Les pays de la région sont parmi les principaux clients des puissances occidentales en matière d'armes. C'est pratique d'avoir un « méchant » dans la région. Mais c'est une mauvaise approche du sujet. Il faut négocier et parler avec l'Iran. La stratégie de menaces de sanctions et de guerre ne mènera à rien. Des rumeurs ont couru sur une attaque de l'Iran par Israël. Cela vous semble-t-il crédible ? C'est encore une fois beaucoup de communications. Les Etats-Unis ne laisseront jamais faire cela actuellement. Israël ne se lancera pas. Chaque pays instrumentalise l'autre. Depuis 2009, il est vrai qu'en Iran, il y a beaucoup de répression de l'opposition. Mais, dans le nucléaire, on est dans le domaine de la caricature. Il y a beaucoup de diabolisation de l'Iran.