Les ONG militent pour l'application juste des lois et font la promotion des droits humains des femmes autant qu'elles le peuvent. Mais pour Saïda Kouzzi, juriste chez Globat Rights, ce n'est pas suffisant. « Nul n'est censé ignorer la loi. Les femmes, surtout du monde rural, doivent connaitre la loi mais aussi leurs droits. Quand elles se retrouvent par exemple devant le policier, le procureur du roi ou devant le juge, elles paniquent et ne savent plus par quel sentier aller. C'est pourquoi, nous avons revisité le guide pratique pour les ONGs qu'on avait publié en 2007. Des volontaires, appelées accompagnatrices, travaillent et suivent des formations avec les ONGs afin d'accompagner les femmes dans leurs procédures juridiques ou simplement administratives. Le but n'est pas d'agir à leur place mais simplement de les aider, les orienter, leur poser les choix qu'elles ont face aux incidents du quotidien. » Une formation pour le terrain Dans le cadre du lancement de la deuxième version du guide qui vise à sensibiliser et encourager les ONG à faire plus de terrain et plus de sensibilisation auprès des femmes, Global Rights a organisé du 13 au 17 février à El Jadida un cycle de formation national pour plusieurs accompagnatrices d'ONG locales dans une trentaine de villes du royaume. « La formation s'est d'abord axé sur ce qui est théorique. Il était question de familiariser les accompagnatrices aux textes de lois afin d'adopter le bon réflexe face aux institutions administratives ou juridiques. Nous avons entamé ensuite un axe juridique illustré par des ateliers de cas pratiques. Le dernier axe était celui de la communication. Dans ce dernier, les accompagnatrices ont été formées pour être aptes à mettre à l'aise une femme en difficulté d'exprimer ses problèmes, comment ne pas influencer ses décisions et comment l'aider, en somme, à utiliser ses capacités et ses nouvelles connaissances », nous révèle Kouzzi. Un guide à la portée des accompagnatrices Pour donner des conseils utiles aux femmes, surtout du monde rural, et les aider à surmonter les obstacles des institutions, Global Rights a mis entre les mains des ONG et leurs accompagnatrices un manuel pédagogique et assez constructif. La différence entre celui de 2007 et de 2012, c'est la fluidité dans la lecture et la banalisation des termes juridiques. « Le guide comporte une section simplifiée sur les techniques d'écoute et d'orientation des femmes. Comment faire un travail de sensibilisation sur le terrain, comment avoir les bons réflexes juridiques et administratifs pour réussir les plaidoyers. Il y a notamment une section simplifiant les lois et les procédures avec des exemples concrets mais aussi des études de cas où les accompagnatrices apprennent des astuces qu'elles pourront appliquer dans diverses situations. Mais il faut souligner le fait que les accompagnatrices ne remplacent pas les femmes lors de leurs procédures mais les orientent et leur font éviter les faux obstacles. », explique Kouzzi. Sans pour autant influencer les décisions et les choix des femmes, ces dernières choisissent elles- mêmes, le divorce, le silence, la poursuite, le pardon ou pas… « Quand les femmes ignorent leurs droits et leurs obligations et se rendent courageusement au tribunal ou au poste de police elles sont généralement très mal accueillies. Avec une accompagnatrice, c'est différent bien entendu. », explique la juriste. Cette dernière ne nous cache pas, non plus, les problèmes que rencontrent de leur côté les accompagnatrices qui, des fois, ont du mal à se faire accepter par les tribunaux car elles n'ont pas de statut juridique. L'ambition de Kouzzi, à long terme, reste réaliste : « Les accompagnatrices pourront passer à d'autres causes lorsque les femmes surpasseront le taux aigu d'analphabétisme que connaît le Maroc, connaîtront seules les étapes de chaque procédure juridique et briseront les craintes et les silences insensés une fois au tribunal ou au poste de police ».