Sélectionné parmi 3100 photographes internationaux, Nabil Ghandi expose ses travaux et représente le Maroc à l'Exposition Emaho Singapour, qui s'est ouverte le 10 février. Entretien inspiré, avec un esprit libre. Comment êtes-vous venu à la photographie ? La photographie a commencé dès ma prime enfance. Mon père avait un vieux Nikon, je le triturais sans cesse, il aimait ça et il m'a appris à en faire un jouet. Il me disais « regarde avec ton cœur » (Sic). C'est après plusieurs années, que j'ai compris, ce qu'il voulait me dire : à l'issue de mes nombreux voyages aux quatre coins de la planète, et également de voyages intérieurs. Plus tard, le désir de partager mon regard sur le monde et sur la vie, s'est alors fait sentir. A travers un regard subjectif et pas uniquement une approche artistique. Je m'attache à garder l'optique de la réalité dans un lien de continuité avec la vie. La réalité est belle, lorsqu'on parvient à s'extraire de nos préoccupations : une fois que je m'y attarde, ce sont les détails du quotidiens qui m'inspirent. Le point commun que je retrouve partout, c'est la force vitale : capter une émotion. Autre photographie, tirée de la série «Beautiful Elders». Quel regard portez-vous sur l'environnement ambiant ? Un regard d'enfant, pétri de curiosité et en quête perpétuelle d'apprentissage. Un regard également vierge et dénué de conditionnement. Une poubelle peut être belle, si on la regarde avec un brin de naïveté et sans aucun préjugé. M'inspirer également de moi-même, pour pouvoir ensuite le partager. C'est une invitation à renouveler son regard, à se délester pour se dire que la beauté est omniprésente et que la vie est belle. Vous avez sillonné de nombreuses aires géographiques. Que retenez-vous de ces différentes régions ? Ces voyages ont été très formateurs, pour moi. Enfant, déjà, mes parents m'ont fortement encouragé à poursuivre mes rêves : aller à la rencontre des autres et de leurs environnements. Chaque voyage me permet de mieux me connaître, en explorant mon monde intérieur, tout en étant en adéquation avec une part d'authenticité. Cela m'aide à être en accord avec moi-même, et me mène à une forme d'apprentissage humain. Des maîtres indiens et tibétains ont partagé leur savoir et m'ont permis de pratiquer certaines médecines alternatives. Quel pays vous a rendu le plus heureux ? C'est une question à laquelle, je ne saurai répondre. Chaque lieu m'apporte énormément. L'Inde reste un pays où j'aime retourner. C'est un pays qui demande du temps, et qui est encore vierge : malgré la pauvreté, les gens ne sont pas misérables. Tu t'y sens chez toi. Les gens y ont toujours le sourire. J'ai pu y explorer des voies thérapeutiques, ce qui s'est révélé être un véritable parcours spirituel. A Hawaï, j'ai appris le surf, j'ai aussi aimé l'Indonésie et le Népal. Je vais y retourner pour continuer à découvrir cette région et sa densité humaine. Et je vais me rendre également en Egypte, au Kenya et en Tanzanie, berceau de l'humanité. C'est de plus, un pays que je ne connais pas, j'ai envie de rencontrer son peuple, sa faune et sa flore. Et la photographie m'aide à rester dans cette découverte. Nabil Ghandi. Partir à l'aventure ne vous fait-il pas peur ? Non, c'est stimulant. Je suis motivé par l'envie de rencontrer d'autres cultures et civilisations. Ces voyages ne me font pas peur, ils me rendent acteur et co-créateur de mon destin. Je ne planifie rien, je m'en remets au clin d'œil du hasard, une fois sur place, je me laisse porter par le flot des évènements. Parlez-nous de vos projets … Je vais présenter une exposition à Sydney, et je suis invité à l'exposition itinérante initiée par Emaho, qui fera notamment halte en Espagne. Je suis surpris et à la fois honoré que mes photos y sont reconnues et présentées. Au Maroc, je trouve dommage, de ne pas avoir l'occasion de partager cette démarche artistique. La perspective de diffusion y est moins présente. Quelle est l'histoire de la photographie « Beautiful Elders » choisie pour la couverture du magazine Emaho? Alors que je marchais au bord du Gange, un vieux monsieur m'a demandé de lui parler de mon pays. Il m'a confié à son tour avoir fait vœu de pauvreté, nous avons passé du temps ensemble. Puis, lorsque je l'ai quitté, il a eu ce geste de la main : une bénédiction qui m'était adressée. J'ai été saisi par cela et je lui ai demandé s'il m'autorisait à le photographier.