Froid aux seins, mais pas froid aux yeux. Tel pourrait être leur slogan. Les Femen, qui revendiquent environ 300 militantes à Kiev, ont acquis leur notoriété en manifestant seins nus ou en tenue légère, n'hésitant pas à écrire les slogans à même leur corps. Les actions « coups de seins » de ces néo-féministes ne se limitent pas aux questions de genre, mais s'étendent de façon plus large aux problématiques sociales et politiques. Elles dénoncent ainsi pêle-mêle la prostitution, le tourisme sexuel, le harcèlement, le recul de la démocratie, le capitalisme et les frasques des hommes politiques. « L'Ukraine n'est pas un bordel ! » Ainsi, elles étaient en septembre devant le stade olympique de Kiev pour protester contre la prostitution dans leur pays. « L'Ukraine n'est pas un bordel ! », ont-elles dénoncé, les seins nus et coiffées d'une couronne de fleurs. Déguisées en soubrettes, elles ont également manifesté en octobre devant le domicile parisien de l'ancien directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Plus récemment, elles défilaient, en jean taille basse et poitrine à l'air, à Davos en Suisse pour manifester contre les « gangsters » du Forum économique mondial, portant des pancartes « Pauvres à cause de vous ! ». Le mouvement des Femen est né de l'initiative de Ana Hutsol. Etudiante en sociologie, la tête pensante des Femen avait déjà lancé dans les années 2000 une association exclusivement féminine, intitulée la Nouvelle Ethique, qui organisait alors des conférences et débats sur l'égalité des sexes. Provoquer pour communiquer Mais très vite, Ana Hutsol ressent la nécessité de passer à d'autres modes d'actions pour défendre les droits des femmes, dans une société ukrainienne dominée par les hommes. Peu à peu, l'idée d'un activisme féministe nouveau germe dans son esprit et le mouvement des Femen voit le jour en 2008. « Nous avons inventé une façon unique de nous exprimer, basée sur la créativité, l'humour, l'efficacité et sans hésiter à choquer. Personne ne s'intéresserait à notre message si nous n'étions pas habillées ainsi », estime Ana Hutsol. Les Femen se jouent allègrement du conseil de Tartuffe « Couvrez ce sein que je ne saurai voir » et sortent donc la poitrine à l'air libre pour attirer l'attention. Si elles ont fait ce choix de mode d'action qui brise les conventions, ce n'est pas par exhibitionnisme mais pour marquer les esprits et ainsi faire passer leur message. Choquer pour mieux communiquer en somme. Si la notoriété est au rendez-vous, ce mouvement atypique a en revanche du mal à se répandre dans d'autres pays, qui pour le moment, ont préféré reprendre l'initiative canadienne « Slutwalk ».