La journée d'hier est à marquer d'une pierre blanche. La City, districts londoniens emblématique de par son rayonnement dans le monde financier à l'échelle internationale, était hier à Casablanca, en prospection, représenté par TheCityUK, organisation créée pour estimer la réaction du Royaume-Uni à la crise financière globale mais aussi pour promouvoir l'expertise britannique dans l'industrie des services financiers et l'industrie des services professionnels. La rencontre a été l'occasion de rappeler les liens qui unissent les deux pays ainsi que les opportunités à saisir sur la place casablancaise, mais elle a également permis de débattre des fondamentaux pour asseoir un centre financier marocain attractif. Ainsi, Wayne Evans, director international strategy à TheCityUK, a précisé qu'« un centre financier est un pays ou une ville qui fournit des services financiers et des services y afférent, générateurs de revenus, de recettes fiscales, d'emplois et d'activités commerciales, dépassant de loin les besoins de l'économie nationale ». Et pour ériger un centre financier, Evans a souligné qu'il est nécessaire de remplir quatre conditions fondamentales. Les quatre piliers d'un centre financier La première condition d'un centre financier est celle d'avoir une vision et une volonté de réussir. Cette vision doit être établie et soutenue par le gouvernement. « Une condition que Casablanca remplit parfaitement aujourd'hui, en témoignent les différentes réformes entamées depuis quelques années dans le domaine financier », a tenu à préciser le directeur. La seconde condition consiste en l'existence d'une culture des affaires et d'une culture sociale qui encouragent les investissements étrangers, choses que Karim Hajji, directeur général de la Bourse de Casablanca, affirme comme déjà existantes du moment où « sur le seul critère de détention de fonds au niveau de la capitalisation boursière, les étrangers s'accaparent une part de 29 % à fin 2011 ». La troisième condition, quant à elle, a trait à la formation. Selon Evans : « la réussite d'un centre financier réside dans sa main d'œuvre. Le Maroc est appelé à se doter de profils hautement instruits en finance mais aussi imprégnés de la culture locale. La communauté marocaine qui travaille au Royaume-Uni, notamment à la City, constitue un gisement non indéniable car possédant les compétences nécessaires pour soutenir vos ambitions d'être un centre financier ». Enfin, la quatrième condition est de disposer d'une infrastructure qui soutient cette industrie croissante. Toutefois, le plus essentiel demeure en le développement d'un point de vente unique. « Il pourrait s'agir d'un lieu géographique ou d'une expertise, telle l'assurance ou la finance islamique », a insisté Evans. Une coopération de longue date De son côté, l'ambassadeur britannique Timothy Morris a souligné la force des relations qui lient le Maroc et le Royaume-Uni depuis 1721. « Les relations entre le Maroc et la Grande Bretagne ont toujours été solides et chaleureuses. Aujourd'hui, elles ont besoin d'être plus concrètes. Certes l'aspect politique de ces relations a évolué ces dernières années, mais il ne faut pas négliger tout ce qui a trait au commerce. Les échanges commerciaux sont encore faibles », a fait remarquer Timothy Morris, avant d'ajouter : « La coopération entre la City et la place financière casablancaise est très appréciée dans mon pays. D'ailleurs, de par sa position, il est clair que le Maroc ne pourra pas opérer en finance sans pour autant travailler avec la City ». Mounir Guessous, directeur général adjoint à Casablanca Finance City, n'y est pas allé par quatre chemins en soulignant que « la conclusion d'une convention de coopération avec la City constitue la seconde étape de ce partenariat de longue date entre les deux pays ». En effet, cette convention sera signée au cours de la semaine prochaine. TheCityUK, voix de la City Créée en 2010, TheCityUK compte plus de 150 sociétés membres de diverse secteurs : finance, banques, juridique, assurance, comptabilité, conseil, éducation et formation. Le rôle de cette organisation non gouvernementale est de soutenir l'ensemble du secteur financier britannique, de promouvoir ses services en interne comme à l'étranger mais aussi d'être active dans la réglementation et le débat sur la politique commerciale. L'entité se fixe comme objectif d'améliorer les exportations mondiales à travers l'apport d'aides aux entreprises basées au Royaume-Uni les poussant à s'implanter dans d'autres parties du monde. En Janvier 2011, le secteur des services financiers a représenté 8,9% du PIB britannique et 12,1% des recettes fiscales du Royaume-Uni. Le secteur emploie actuellement 1 million de personnes, dont plus de 66% travaillent en dehors de Londres.