Pour sa première grande rencontre avec la presse, et par ce biais avec l'opinion publique, Mohamed El Ouafa a attiré du monde. Beaucoup de monde. Une fois installé sur son siège, et durant plus d'une heure, le ministre de l'Education nationale de l'ère Benkirane a présenté les pions qu'il compte avancer sur le grand échiquier éducatif. Il joue la carte de la transparence Erigeant l'école comme « l'affaire de tous les marocains », le ministre a affirmé avec insistance sa volonté de faire de la transparence le fil conducteur de chaque action de son département. « Je ferai en sorte que rien ne soit caché aux médias dans tout dossier concernant ce ministère », a-t-il déclaré. Comparant ce dernier au département de la défense nationale, Mohamed El Ouafa a élevé l'éducation nationale comme « garante de la protection de l'avenir intellectuel du pays ». D'où son importance. Un « petit parlement consultatif » L'affaire de tous, donc. « Il n'est pas sensé d'observer les programmes éducatifs d'un seul point de vue, à savoir est celui du gouvernement ». Il apparaît donc nécessaire, à l'heure actuelle, de mettre en place une entité consultative qui présentera des propositions au gouvernement et au parlement sur des questions liées à l'éducation, la formation, et l'enseignement dans sa globalité. Cette entité, baptisée « Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique », est déjà prévue par l'article 168 de la nouvelle constitution. Il devrait prochainement voir le jour. Il s'agira d'un « petit parlement consultatif », qui se réunira pour trois grandes sessions : à la rentrée scolaire, en milieu d'année, et à la fin de l'année scolaire. « Le Conseil ne sera pas uniquement cantonné à l'enseignement primaire et secondaire, mais se penchera également sur les questions liées à l'enseignement supérieur et à la formation professionnelle », a précisé le ministre. Le ministère de l'éducation nationale compte également apporter quelques modifications, notamment au niveau du statut de l'enseignant. « Il est impensable que ceux qui sont chargés du changement des statuts des enseignants ne soient pas eux-mêmes des enseignants ». Autrement dit, tout ce qui concerne les enseignants relève de la cuisine interne, et doit être placée entre les mains de membres de cette famille professionnelle. El Ouafa souhaite-t-il instaurer une ghettoïsation de l'éducation ? Dans un discours mêlant sérieux et humour, il a tenu à nuancer ses propos. « Je ne suis pas là pour faire une chasse aux sorcières. Il ne s'agit donc pas de faire table rase du passé, mais de modifier ce qui peut l'être ». Revenant sur les rumeurs selon lesquelles il aurait voulu opérer des changements à la tête des académies régionales, le ministre a tout nié en bloc. « On ne change pas des directeurs d'académies en plein milieu de l'année scolaire. Aucun changement ni aucune mutation ne seront opérées au cours de l'année », a-t-il martelé. Ce qui est à espérer, quel que soit le visage des décideurs, est que cette année scolaire se termine dans de meilleures conditions que l'année dernière, entachée de grèves et de reports d'examens. Agir du côté /de l'enseignant Côté budget, l'heure n'est pas au beau fixe. Bien au contraire. « Je n'ai pas peur de le dire, nous n'avons pas d'argent », a ouvertement scandé le ministre Mohamed El Ouafa. Pointant du doigt la situation économique difficile du pays, il appelle à un maintien des équilibres macro-économiques.Pour finir, et ne pas conclure sur une note négative, le ministre a donné sa vision de l'école marocaine dans sa globalité. Selon lui, l'optimisme est tout de même de rigueur. « L'école marocaine est à la hauteur, mais il faut lui redonner de la valeur en améliorant sa qualité ». Comment ? En agissant non pas du côté de l'élève, mais du côté de l'enseignant. Clé du changement selon lui. « Il faut continuer à sensibiliser l'enseignant sur son rôle, qui n'est pas seulement éducatif ». Un changement qui n'arrivera pas seul. Il conclut en effet sur la nécessité de donner « un plus grand espace de libertés aux enseignants, pour leur permettre d'innover, sans les cantonner à des exigences ministérielles ».