Le ministre s'est en outre dit favorable à l'enseignement privé et s'est engagé à l'encourager. Il a fait part de son intention de lui consentir un soutien à l'investissement. Le nouveau ministre de l'éducation nationale n'a pas fait mystère de son irritation au sujet du grand nombre de circulaires qui, selon lui, limitent la créativité des enseignants et obèrent leur rendement, au cours d'une conférence de presse fleuve donnée à Rabat au siège de son département. Mohamed El Ouafa qui a fait état de sa première évaluation de l'enseignement national s'est prononcé pour sa stabilisation afin que le système éducatif reste porteur. Il a appelé à marquer une pause en ce qui concerne la réforme des programmes et les livres scolaires. Le temps de l'improvisation est fini, a-t-il laissé entendre en ne ménageant pas ses critiques à l'encontre de ce qu'il a estimé être la complexification de ce système. Le ministre a également annoncé la remise en œuvre du Haut conseil de l'éducation et sa prochaine réunion est prévue pour le mois de mai. Il est indispensable de réunir cette instance et d'y associer la société civile, a-t-il affirmé. El Ouafa a, en outre, estimé que l'enseignement est une profession et qu'il ne saurait être question d'en permettre l'exercice à ceux qui n'en ont ni la vocation ni les compétences. Dorénavant, a-t-il dit, le ministère veillera scrupuleusement à ce que la procédure d'embauche soit plus regardante en ce qui concerne les qualifications des candidats. Dès cette année, ne seront retenues que les candidatures de ceux qui ont été formés aux métiers de l'enseignement, a-t-il précisé. Il a laissé entendre qu'il en sera ainsi pour les 13.000 postes budgétaires prévus annuellement dans le cadre de la loi de Finances. Ses critiques sont également allées aux cabinets d'études étrangers. «Je ne comprends pas qu'on charge des gens peu au fait de notre Histoire millénaire de nous dire comment préparer notre avenir», a déclaré le ministre en faisant un parallèle entre la défense du territoire et l'enseignement. Il a ajouté qu'il ne saurait être désormais question que «nos enfants» servent de cobayes à des méthodes élaborées sans prise en compte des spécificités d'une vieille Nation. El Ouafa qui a donné à penser que stabilisation ne veut pas dire arrêt des réformes mais leur ciblage, a annoncé la prochaine mise en œuvre d'un nouveau statut pour les enseignants. Il l'a intitulé «Statut pour la famille de l'enseignement», dénomination qui tranche avec l'ancienne appellation de «Statut de l'enseignant» et qui laisse augurer d'un changement radical de contenu. Bien qu'il ne se soit pas attaché à développer ces changements, le ministre a annoncé la suppression de l'échelle 9 au cours de cette année. Il a également évoqué la création de centres de formation des formateurs aux métiers de l'enseignement afin de «professionnaliser» les filières de l'éducation nationale. Le ministre s'est en outre dit favorable à l'enseignement privé et s'est engagé à l'encourager. Il a fait part de son intention de lui consentir un soutien à l'investissement. Son intérêt s'est également porté sur les associations des parents d'élèves dont l'utilité, selon lui, invite à leur fournir soutien et encouragements. Le ministre qui s'est attaché en sa qualité d'économiste à présenter les difficultés de la situation économique générale a néanmoins laissé entendre qu'elles ne freineront en rien l'effort d'aménagement, de réhabilitation et d'investissement du ministère pour que l'école redevienne «le foyer du savoir qu'elle a toujours été au Maroc». «A ce propos, je veux livrer ici un constat dont peu de gens conviennent : Notre enseignement est bon et supporte la comparaison avec ce qui se fait de mieux dans le monde», a-t-il commenté. El Ouafa qui a semblé vouloir rendre plus grande leur marge de manœuvre à l'école, aux délégations et aux académies a également mis l'accent sur la nécessité d'introduire le souci de la gouvernance dans le système éducatif. S'il est de bon ton que le gouvernement investisse, a-t-il déclaré en substance, il est tout aussi logique que l'Etat veille au bon usage de ses deniers. Il a également affirmé que le temps de l'insouciance et du laxisme est mort et bien enterré. S'adressant à la presse, le ministre l'a priée de l'aider à réhabiliter l'école qui, a-t-il précisé, n'est pas seulement le temple du premier savoir, mais encore c'est le lieu où l'on forme le citoyen. A un moment où la citoyenneté pose problème dans la plupart des pays, cet objectif à lui seul mérite qu'on s'y attache, a-t-il conclu.