A Marrakech, seize candidates viennent d'être formées. Pourquoi l'AFEM (Association des Femmes Entrepreneurs du Maroc) s'intéresse-t-elle à l'employabilité des diplômées qui sont à la recherche d'un premier emploi ? Pourquoi l'AFEM (Association des Femmes Entrepreneurs du Maroc) s'intéresse-t-elle à l'employabilité des diplômées qui sont à la recherche d'un premier emploi ? L'AFEM, une association fortement impliquée dans le développement du rôle de la femme dans l'économie et dans l'entreprise, parallèlement à ces programmes de promotion des femmes chefs d'entreprises (FCE), a souhaité agir sur le volet d'égalité homme-femme sur le marché de l'emploi, notamment par le renforcement des capacités et des compétences des femmes pour favoriser leur accès à l'emploi. Ainsi, l'AFEM s'est intéressée aux besoins des FCE exprimés en termes de ressources humaines qualifiées et en termes de contribution à encourager l'emploi des femmes. L'analyse des statistiques et résultats d'étude a démontré qu'en dehors des problèmes rencontrés par les FCE, notamment sur le plan financier, le problème de la qualification du personnel se pose avec acuité, et ce dans les différentes régions du Royaume. En quoi consiste le projet«reprofilage» ? Le projet «Reprofilage» a été destiné à une centaine de jeunes femmes de milieux défavorisés afin de leur assurer les qualifications qui sont recherchées aujourd'hui et qui correspondent aux besoins spécifiques des employeurs, c'est-à-dire des entreprises marocaines, pour permettre à un minimum de 75% de ces femmes de trouver un emploi. Une première étude des entreprises affiliées à l'AFEM a identifié les domaines des ventes et du marketing ainsi que de la gestion administrative des entreprises comme étant les deux secteurs dans lesquels les entreprises de l'AFEM avaient les plus gros besoins en employés qualifiés. A partir de ces constatations, l'AFEM a développé un programme de formation ciblé pour ces secteurs. Comment avez-vous implémenté le projet «reprofilage» et quels ont été les résultats ? L'approche de la formation du projet Reprofilage comprend un processus de sélection basé sur la demande qui permet d'identifier les jeunes femmes qui correspondent au profil recherché par les entreprises affiliées à l'AFEM. Une fois que les candidates ont été identifiées à partir des critères de sélection mis en place par le projet en coordination avec les entreprises membres de l'AFEM, celles-ci s'engagent à embaucher les candidates sélectionnées pour des stages en entreprise pendant leur formation. Ces stages sont ensuite totalement intégrés à leur formation de base afin de renforcer leurs qualifications au fur et à mesure qu'elles les acquièrent. Les progrès des étudiantes et leurs performances tant au niveau de la formation de base que de leurs stages en entreprise font l'objet d'un suivi régulier de la part de l'équipe du projet. Les principales composantes de la formation sont: Formation aux compétences en savoir-être du «Programme Succès» dans son environnement de travail de la Fondation pour l'Emploi, Ventes et marketing et Applications informatiques pour la gestion administrative. Et les résultats ? Dans un souci d'efficacité et d'adaptabilité de la méthodologie de travail développée et de la pertinence du projet, une première expérience a été menée au niveau de Casablanca et Rabat et a abouti à des résultats concluants : l'identification d'un besoin de 90 postes auprès de 67 entreprises dirigées par des femmes ayant répondu à l'étude préalable; la sélection de 90 candidates femmes diplômées et l'insertion de 50 candidates dans les entreprises identifiées. Aussi, en termes de régionalisation, nous avons mené la même expérience dans la ville de Marrakech où un nombre de seize candidates ont été formées et à qui nous avons remis les attestations de réussite lors de la cérémonie organisée à Marrakech le samedi 13 mars 2010. Au-delà des résultats quantitatifs, ce projet-pilote a permis à l'AFEM d'expérimenter le processus dans sa globalité, de développer des outils et méthodes, des partenariats et des modules de formation spécifiques. Ce projet a également permis de constituer un groupe de formateurs et experts, de tester le processus d'emploi et de suivi des candidates et enfin d'identifier les difficultés relatives à l'insertion des femmes. Quels ont été vos partenaires dans ce projet d'employabilité ? Effectivement, ce projet a nécessité une approche partenariale globale, qui est passée principalement par la construction de plusieurs partenariats publics et privés et dans lequel l'AFEM est l'organisme initiateur, notamment de partenariats nationaux avec le ministère de l'Emploi à travers l'ANAPEC, l'Université Hassan II Aïn Chock, l'Université Cadi Ayyad, la Fondation Marocaine de l'Education pour l'Emploi et l'Alliance Marocaine pour l'Education et l'Emploi. Pour les partenariats internationaux, il s'agit de la Fondation Internationale pour la Jeunesse, du Fonds Canadien à l'Egalité des Sexes (FAES) et l'Agence Internationale de Coopération Espagnole. Comment pensez-vous pérenniser cette action citoyenne visant l'amélioration de l'employabilité et l'accès au marché de l'emploi ? Dans le cadre de la seconde phase du projet, l'AFEM, a dû capitaliser sur toute son expérience, son savoir-faire qui a été développé depuis plusieurs années. A ce stade, l'objectif de l'AFEM, à partir de cette expérience pilote, est d'agir au niveau stratégique, sur les questions de l'employabilité des jeunes femmes diplômées au niveau national, en prenant appui sur les structures régionales de notre Association, et en apportant des réponses aux besoins en ressources humaines de façon spécifique à la fois en fonction des régions et des secteurs stratégiques pour l'économie du Maroc, tout en procédant à l'ancrage des approches, mesures et outils de l'accès égalitaire des femmes et des hommes à l'emploi. Cette vision stratégique, les actions et les mesures qui y seront identifiées, enfin la méthodologie type qui y sera mise en exergue permettront la promotion de l'employabilité des femmes diplômées à la recherche d'emploi à travers un processus maîtrisé et outillé de «Reprofilage» et de renforcement de leurs compétences. Si le projet vise l'augmentation des emplois occupés par les femmes au sein des entreprises, il aura certainement d'autres effets positifs comme le renforcement des compétences des entreprises, gérées par les femmes, le développement d'une culture genre dans les entreprises et la contribution à la création d'emploi.