C'est dans un contexte économique très tendu, illustré par un optimisme très prudent voire peu rassurant des ménages, que le gouvernement Benkirane prend le relais de son prédécesseur. Les derniers résultats de l'enquête de conjoncture auprès des ménages couvrant le 4e trimestre 2011, fraîchement publiés par le Haut-commissariat au Plan (HCP), confirment ce constat. Forte incertitude « l'Indice de Confiance des Ménages (ICM) aura enregistré, au cours du quatrième trimestre de 2011, une hausse de 9,8 points par rapport au même trimestre de l'année 2010 mais reste légèrement inférieur, de 2 points, à son niveau du troisième trimestre 2011 », note-t-on dans le document du HCP. Mais ce n'est qu'en analysant de près les détails et les composantes de cet indicateur de mesure que l'on se rend compte que la vigilance et les craintes sur l'avenir sont de mise. À commencer par les anticipations des ménages sur le niveau des prix. Le HCP montre en effet que le consommateur marocain reste très attentif sur cette question : « les ménages ont le sentiment que les prix des produits alimentaires ont augmenté et qu'ils augmenteraient davantage dans les 12 prochains mois». Avec les menaces sérieuses du retard des pluies et la vague de froid qui persiste encore, ce sentiment a de fortes chances de devenir une conviction. Détérioration du pouvoir d'achat La hausse anticipée des prix n'est pas le seul casse-tête qui perturbe le calcul du consommateur. Sa situation financière prête elle aussi le flanc à la critique. Les ménages ont constaté, entre le troisième trimestre 2011 et le suivant, une détérioration de leur pouvoir d'achat. Mettant ainsi à mal les évolutions futures. Cela est d'autant plus que vrai que l'année 2012 s'annonce très difficile. Et pour preuve, la révision à la baisse par le gouvernement des perspectives de croissance sur l'année en cours. Ce qui ne manquerait pas d'impacter aussi à la baisse les opportunités de création d'emplois. C'est ce que vient de confirmer d'ailleurs l'enquête en question:« Au quatrième trimestre de 2011, près de six ménages sur dix (60,5%) anticipent une hausse du nombre de chômeurs pour les 12 mois à venir ». Pessimisme Dans la foulée de ce contexte d'incertitude, les ménages ne peuvent se passer d'afficher un ton de frilosité et d'hésitation quant au placement de leur argent. Généralement, ce sont les biens durables, ce que les marocains qualifient d'investissement de la vie, qui concentrent l'essentiel de ces achats. À titre d'exemple, on cite l'immobilier. Sur ce chapitre, « 56,5% des ménages considèrent que le moment n'est pas opportun pour faire des achats de biens durables et seulement 18% pensent le contraire». C'est ce qui explique la morosité ambiante qui caractérise actuellement le marché de l'immobilier. Vu que le niveau de la demande reste inférieur à celui de l'offre. Une nouvelle aire est largement attendue par les promoteurs avec l'avènement du gouvernement islamique, qui compte booster l'offre sociale et surtout économique à court de financement . Mais reste à craindre que la capacité d'épargner des ménages ne suive pas. Car seuls 17,7% des ménages déclarent avoir une capacité à épargner dans les mois à venir. Le pessimisme est donc le mot d'ordre. Les résultats de l'enquête laissent dégager en revanche que malgré les nombreuses incertitudes qui planent les ménages, les perceptions quant à l'amélioration du niveau de vie prennent une amplitude optimiste. Le solde relatif à cet indicateur s'est apprécié respectivement de 24,5 points et de 1,3 point. Goulets d'étranglement Par ailleurs et sur un autre registre, celui de la situation de la qualité des prestations administratives s'est légèrement détériorée en 2011. il en est de même pour la qualité des services d'éducation et de santé qui ont vu leur perception se détériorer. « Les ménages étaient plus nombreux à penser que leur qualité se détériore », est-il souligné dans le rapport, qui souligne néanmoins que concernant le domaine des droits de l'Homme, « en 2011, six ménages sur dix (61,1%) pensent que la situation des droits de l'homme au Maroc s'est améliorée, 28,4% qu'elle a stagné et 10,5% qu'elle s'est détériorée ».