Quelques semaines seulement après sa nomination au poste de ministre des Affaires étrangères, Saâd Eddine El Othmani n'en finit pas d'enchaîner les déplacements. Après s'être rendu à Addis-Abeba pour assister au sommet de l'Union africaine (UA), dont le Maroc est le seul pays africain à ne pas en faire partie, El Othmani se rendra en Espagne et, ensuite, au Portugal, pour officiellement raffermir les relations bilatérales avec ses voisins directs. Au cours de son premier voyage officiel en Europe, le chef de la diplomatie se rendra vendredi à Madrid, après avoir reçu une invitation officielle de la part du roi Juan Carlos. Selon une source au sein du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, « la visite d'El Othmani en Espagne intervient suite à la visite du chef du gouvernement ibérique Mariano Rajoy, à Rabat ». Ladite source ajoute que « le but de cette visite est le renforcement des relations maroco-ibériques ». Aucun des sujets sensibles ne sera abordé : « Ce serait inapproprié d'évoquer les sujets sensibles pour une première visite », affirme notre source, toute en précisant que « l'accord de pêche serait étudié dans un autre cadre, y compris pour les présides Sebta et Melilia ». Une visite symbolique Ce déplacement semble être plus une visite de courtoisie qu'une visite de travail. Exit les sujets sensibles, El Othmani s'attellera à raffermir les relations avec une Espagne dirigée par le Partido Popular, un parti traditionnellement hostile aux thèses marocaines, notamment celles en rapport avec le Sahara. Toutefois, depuis l'avènement du gouvernement islamo-conservateur au Maroc, le ciel semble se dégager de plus en plus entre Rabat et Madrid, tant les intérêts qui lient les deux pays sont beaucoup plus importants que les frictions qui les séparent. Toutefois, « le Maroc ne cessera jamais de revendiquer ses droits sur Sebta et Melilia et les îles Jaafarinas », insiste notre source au sein du ministère des AE, avant d'ajouter : « Notre relation avec l'Espagne est stratégique. Le fait que le roi Juan Carlos ait voulu recevoir El Othmani démontre toute la symbolique et l'amitié qui lient nos deux pays, malgré toutes les divergences qui peuvent exister ». Et le Portugal dans tout ça ? « C'est l'un des rares pays avec lesquels nous n'avons jamais eu d'incidents. Nos relations ont toujours été au beau fixe. Le déplacement du ministre à Lisbonne entre dans le cadre du renforcement de ces relations, par ailleurs excellentes », rétorque-t-il. El Othmani se rendra effectivement à Lisbonne, samedi. Avec ce déplacement, il clôturera une visite dans la péninsule ibérique, qui durera un peu plus de 48 heures. Bons baisers d'Ethiopie Par ailleurs, Saâd Eddine El Othmani est rentré lundi à Rabat, après s'être rendu en Ethiopie pour prendre part au sommet de l'UA. Fait inédit, puisque le Maroc est le seul pays africain à ne pas en faire partie. Une exception qui a d'ailleurs poussé bon nombre de dirigeants africains à déplorer cette situation. Le président de la nouvelle Tunisie, Moncef Marzouki, avait d'ailleurs regretté l'absence du Maroc dans l'UA. Dans son allocution à Addis-Abeba Abeba, il a déclaré que « l'Afrique ne peut pas se permettre l'absence d'un grand pays comme le Maroc ». Même constat de la part d'autres dirigeants, que ce soit le président Burkinabé, Blaise Compaoré, ou encore le ministre des Affaires étrangères sénégalais, Me Madické Niang. Le Maroc réintégrera-t-il pour autant l'Union africaine, lui qui a été un de ses membres fondateurs ? « Non », répond notre source au sein du ministère des AE,« Ce n'est pas à l'ordre du jour, tout simplement par ce que la raison qui nous a poussés à sortir de l'UA est toujours là », ajoute-t-il, allusion faite au maintien de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) en tant qu'Etat membre de l'union. Blocage sud-africain Si un éventuel retour du Maroc au sein de l'UA n'a pas été évoqué par El Othmani, celui-ci a par ailleurs qualifié son déplacement en Ethiopie de « très positif ». Bien que non membre de l'UA, le chef de la diplomatie marocaine s'est tout de même entretenu avec un panel de dirigeants africains. Une manière de réaffirmer la présence du Maroc en Afrique. Car, selon notre source, « le Maroc n'a jamais été aussi présent en Afrique qu'en ces temps-ci. Le Maroc est présent partout, les actions de coopération économiques, politiques et sociaux qu'il entreprend avec bon nombre de pays africains vont en progressant ». Bien que depuis l'avènement de Mohammed VI, les relation avec les pays du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest se soient grandement améliorées, il n'en demeure pas moins que l'axe Alger-Pretoria-Lagos se pose aujourd'hui plus que jamais, comme principal handicap à la normalisation des relations maroco-africaines.