Les barbus sèment la panique en Tunisie. Depuis la chute du régime de Ben Ali, les radicaux tunisiens ont la bride sur le cou. De violents incidents ont été observés ces derniers jours impliquant des barbus qui se réclament de la mouvance salafiste. Ils fustigent notamment le port du pantalon par les femmes, ou encore, militent pour le port du niqab dans les universités. Même si d'aucuns affirment qu'ils sont minoritaires, il n'empêche que leurs agissements portent un coup dur à la jeune démocratie qui est en construction dans ce pays. Dans la ville de Marsa, située à quelque vingt kilomètres de Tunis, une librairie a reçu des menaces de barbus pour la simple raison qu'elle a exposé dans sa vitrine un livre intitulé «Femmes au bain, le voyeurisme dans la peinture occidentale». Défendre les libertés Il y a quelques semaines dans l'université de Manouba, dans la banlieue de Tunis, un bras de fer était engagé entre professeurs et étudiants, motivés par des salafistes, au sujet du port du voile intégral. Pour dénoncer ces différents agissements qui inquiètent de plus en plus la société tunisienne, une manifestation a été organisée, samedi, par des partis de gauche et des associations de défense des droits de l'homme. Ce défilé intitulé «la marche pour la défense des libertés» a vu la participation de milliers de personnes toutes catégories confondues. «On était enseignantes, on a passé notre vie à éduquer. Et aujourd'hui certains veulent nous ramener 14 siècles en arrière», l'une des manifestantes . «Les salafistes sont bouchés, ils ne comprennent rien», a-t-elle ajouté. «La Tunisie est libre. Non aux esprits arriérés ! Ce n'est pas parce qu'on est musulman qu'on est islamiste», criait une autre. Les autorités doivent donc prendre les mesures nécessaires pour permettre la pluralité des opinions, socle de la démocratie.