Le port du voile intégral pendant les cours divise enseignants et étudiants à l'université de Manouba dans la banlieue de Tunis. Depuis plusieurs jours maintenant à l'université de Manouba dans la banlieue de Tunis, enseignants et professeurs se livrent un bras de fer au sujet du port du niqab. Des étudiants militent pour le port du voile intégral même dans les salles de cours, mais les professeurs n'ont pas l'intention de céder. Ainsi, des manifestations et des grèves se suivent sur le campus en vue de forcer la main aux enseignants. «Le niqab ne correspond pas à la tradition de la Tunisie! Comment voulez-vous dialoguer avec vos élèves si vous ne pouvez même pas voir leur visage?», s'est indigné une enseignante qui dénonce l'influence des salafistes dans cette initiative. Une autre a failli se faire agresser pour la simple raison qu'elle portait une robe et une veste considérées comme une «tenue vestimentaire irrespectueuse» par des militants qui veulent également qu'il y ait désormais une salle de prière dans l'enceinte de la faculté. Mais pour le ministère de l'Enseignement supérieur, il n'en est pas question. Provocations «Le port du niqab est interdit aux élèves, étudiants, enseignants et fonctionnaires de tous les établissements scolaires et universitaires. Les étudiants également sont tenus de décliner leur identité à l'entrée des établissements», stipule un communiqué du ministère. Au sein des partis politiques, chacun y va selon ses convictions. Ennahda, le parti des islamistes ayant remporté les élections législatives, se dit pour le respect des libertés individuelles et contre toute obligation concernant le port imposé ou non du voile et appelle les protagonistes au dialogue. Pour le parti Ettajdid, ces revendications ne sont rien d'autre que de la provocation. «Il faut respecter les règlements des universités. Il n'est pas question que les enseignants acceptent le Niqab dans les cours. Il est étranger à nos coutumes et à notre manière de vivre. Ce sont des choses que des gens veulent imposer à la société tunisienne», a déclaré Jounaidi Abdeljawad, porte-parole d'Ettajdid. La situation suscite, en tout cas, quelques inquiétudes de part et d'autre. «Il faut réfléchir à de nouveaux modes d'engagement. Car si on ne trouve pas de solutions aux problèmes urgents, il ne faudra pas s'étonner de voir éclater une autre révolution, peut-être moins pacifique. Cela nous concerne tous», a conclu Neila Saabi, une étudiante de l'université de Manouba.