La visite de Mariano Rajoy, prévue demain, est porteuse de plusieurs messages sur le plan symbolique. Première visite officielle du chef du gouvernement espagnol consacrée à un pays voisin, hors d'Europe plutôt qu'à Bruxelles, la rencontre devrait permettre de remettre sur les rails les accords bloqués par les députés européens, notamment en ce qui concerne celui relatif à la pêche, et par l'équipe de Rajoy, lui-même, en ce qui concerne le volet agricole.La situation en Espagne, avec ses manifestations de pêcheurs mis au chômage par la décision européenne, dans un contexte de crise généralisée, y est certainement pour quelque chose ; mais pas seulement.La volonté d'apaiser les relations avec un partenaire incontournable comme le Maroc est certainement dans les desseins de Rajoy, mais aussi de ses collègues de Paris et Bruxelles. En sapant la confiance dans les relations entre l'Europe et son voisin d'Afrique du Nord, les conséquences attendues vont au delà de quelques sardines et tomates. En particulier, cette fameuse lutte contre l'immigration clandestine, érigée en pièce centrale de toute politique européenne, prise en tenaille entre un populisme extrémiste et une situation économique dont les maux sont facilement – mais à tort – mis sur le dos des candidats à une vie meilleure, dans ce qui reste, dans l'imaginaire collectif africain, comme un Eldorado.Quelles que soient les considérations de premier plan ou sous-entendues, le Maroc, tout comme son voisin du Nord, ne sont pas dans une logique belliqueuse. Au contraire. Les relations historiques et économiques entre nos deux pays ont toujours permis de surmonter les petites frictions imposées par des considérations de politique intérieure, et de construire un espace imparfait mais largement viable.Ce qu'il faut donc attendre de cette visite est une série de décisions positives, pour diluer l'amertume des récentes prises de positions européennes et ibériques. Notre avenir respectif est tellement lié aux décisions prises, de part et d'autre, qu'il faut continuer dans le sens de la construction. Reste à attendre le bilan de cette rencontre pour en mesurer l'impact.