L'idée de travailler pour son propre compte a forcément effleuré l'esprit nombre de salariés, mais rares sont ceux qui se sont lancés dans l'entrepreunariat. Nombreux sont ceux qui cherchent des petits boulots pour arrondir leurs fins de mois. Une pratique très répandue dans les pays occidentaux et qui ne cesse d'augmenter sur le marché marocain. Les salariés cherchaient des boulots maroco-marocains, les étudiants n'hésitaient pas à travailler pour des étrangers et recevoir des salaires en devises qu'ils gardaient sur des sites de paiement tel Paypal ou Moneybookers pour régler leurs achats en ligne (sur des sites étrangers, bien évidemment) avant que l'Office des changes n'autorise ces achats en accordant une dotation annuelle. Par ailleurs, si ces personnes ne travaillent en free-lance qu'à titre ponctuel, d'autres en ont fait leur métier. « Ce qui les poussent à se convertir, car ce sont souvent des anciens salariés, c'est le goût du risque et la soif de liberté. Mais aussi une fougue de la jeunesse surtout quand on n'a pas d'engagement », souligne A.D., ancien free-lancer et actuellement en poste dans une entreprise financière. Toutefois ce qu'il faut souligner, c'est que tous ceux qui se convertissent en free-lancer à temps plein sont piqués par la fièvre de l'entrepreunariat mais ont aussi un certain niveau de maturité professionnelle, car avant de s'y lancer, il faut avoir une expertise à vendre. Quelle forme juridique ? Ainsi, pour devenir free-lancer, il faut avoir une expérience de 4 à 5 années au moins et être capable de toucher à d'autres domaines et métiers que les siens. En effet, pour pouvoir facturer ses heures de travail, le free-lancer doit avoir au moins une patente, ou encore constituer une société sous forme de SARL ou de société de personnes. L'avantage de ces formes de société est qu'il n'exige aucun apport en capital minimal, on y compris pour la SARL depuis l'entrée en vigueur de la loi modificative, numéro 24-10 en juillet 2011 (avant le capital minimal d'une SARL était fixé à 10 000 DH). Ladite loi a également introduit des procédures simplifiées pour la création de sa société. Cette structuration susciterait le paiement d'impôts, patente, IR ou encore IS pour ceux qui y optent. Cet impôt peut représenter entre 30 % et 40 % des revenus. Un niveau considéré par les freelancers comme élevé eu égard à l'irrégularité des revenus, poussant certains à accepter de travailler au noir, se faisant payer en cash, ou encore à facturer son client à travers des amis patentés ou via une société établie qui touche une commission pour le moins « injuste » car elle n'a pas contribué de loin ou de près à la mission mais émis seulement une facture en y engageant son nom. Toute chose étant égale par ailleurs, s'organiser sous forme de personne physique dotée de la qualité de commerçant ou sous forme de société de personnes donnent à la fois lieu à la patente et l'IR, notamment sur revenus professionnels. Mais la meilleure forme, afin de profiter des éventuelles exonérations demeure celle de société. En effet, la patente est un impôt supporté par toutes les personnes, physiques ou morales, exerçant une activité industrielle ou commerciale. Son taux est fixé à 10 % de la valeur locative. Toutefois, les entreprises industrielles, touristiques, commerciales, artisanales, de promotion immobilière ou de lotissement ne sont passibles de cet impôt que 5 années après le début de leur activité. Pour se faciliter la vie De même, en matière d'IR, les exonérations sont plus importantes pour les sociétés. En tout cas, et indépendamment de la forme que le freelancer aura choisi pour exercer son activité, il faut savoir qu'il a le droit de souscrire à une couverture médicale soit auprès de la CNSS, soit auprès d'une compagnie d'assurance. Par ailleurs, ceux qui ne veulent pas trop se casser la tête ou encore ont besoin de conseils avisés, ils peuvent s'adresser à des sociétés intermédiaires. La plus connue de ces sociétés et la plus ancienne sur le marché est Freelance.com. Implantée sur le marché marocain depuis 2010, cette filiale de la société éponyme française offre à sa clientèle, qui compte aujourd'hui 2 500 free-lancers, une palette de services diversifiés. Selon son directeur général, Mohamed Benboubker, « Freelance.com dispose de conventions établies avec des cabinets comptables, des compagnies d'assurance ou encore des banques. L'objectif est de faciliter la vie aux freelancers qui pourront accomplir toutes leurs démarches en 48 heures. De plus, nos conseillers commerciaux sont mis à leur disposition pour les aider dans ces démarches ». Freelance.com offre actuellement 200 missions dont 80 % concernant l'informatique et le reste réparti entre communication, publicité et conseil et prélève une commission de 20 % facturée au final à l'entreprise par le biais du freelancer. Conquis ? En tout cas, il faut savoir que ceux qui se sont convertis au salariat après un épisode de free-lance sont tentés de revivre l'expérience, mais en se lançant dans de vrais projets et en créant notamment leurs propres entreprises.