La direction du CHU Ibn Sina de Rabat réagit face au mécontentent, ces derniers jours, de parents d'enfants malades devant l'hôpital d'enfants. L'hôpital rappelle la déconcentration des soins, et le rôle accru des hôpitaux régionaux et provinciaux. L'hôpital d'enfants de Rabat a été le lieu, depuis le début du mois, de quelques échauffourées. En cause, certains parents d'enfants cancéreux hospitalisés au sein du CHU Ibn Sina. Ceux-ci ont manifesté leur mécontentement, affirmant ne pas avoir bénéficié de la gratuité des soins qui leur est due. La direction du CHU Ibn Sina vient de rendre publique sa défense, par le biais d'un communiqué. Si elle ne nie pas que certains soins ont été refusés aux familles, elle en donne une explication. S'adressant à ces familles, venues de diverses régions du pays, la direction leur rappelle « l'obligation de respecter l'organisation des soins en paliers, et la régionalisation des références vers les centres hospitaliers universitaires ». Préférence régionale En effet, les enfants malades ne vivant pas dans la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër doivent au préalable faire certaines analyses biologiques et examens radiologiques de base au sein de l'hôpital régional et provincial le plus proche de chez eux. Ceux-ci y sont pris en charge gratuitement. Alors qu'au sein de l'hôpital d'enfants de Rabat, ces soins qualifiés de « légers » ne sont gratuits que pour les enfants de la région.Quant aux autres soins, l'hôpital d'enfants de Rabat soutient qu'il les prend en charge sans distinction régionale. Ou presque. L'enfant doit toutefois être originaire des régions de Rabat-Salé-Zemmour- Zaer, de Gharb- Cherrada-Bni Hssen, de Tanger-Tétouan, ou de la province de Benslimane. Sont gratuits, pour cette population, « tous les soins en hospitalisation complète et de jour, y compris les produits de chimiothérapie les plus coûteux, et la plus grande part des médicaments d'accompagnement disponibles à l'hôpital ». Une gratuité encouragée de concert par le ministère de la Santé, de l'Association Lalla Salma de lutte contre le cancer (ALSC) et le Centre hospitalier Ibn Sina. Habitudes coriaces Les proches des enfants malades, habitués à l'ancien système de concentration à Rabat, mettront certainement du temps avant de s'habituer à la nouvelle organisation. Le CHU Ibn Sina avoue cette difficulté. « Nous avons malheureusement constaté que malgré nos efforts de communication, certains parents refusent de comprendre que la gratuité des soins est acquise pour leurs enfants mais à l'hôpital de leur lieu de résidence ». Une réalité qui finira peu à peu par être intégrée par ces familles, tout en réduisant le nombre de déplacements vers la capitale. Déconcentration enclenchée Cette déconcentration des soins, souhaitée par de nombreux malades, est toujours en cours de mise en œuvre. Certains soins sont toujours exclusivement proposés par l'hôpital d'enfants de Rabat, ce qui oblige plusieurs familles à voyager régulièrement. Dans le cas de la thalassémie, l'avancée est plus prononcée. Pour cette maladie chronique, un programme national de prise en charge a été lancé en novembre 2011. Il permet principalement de mettre à la disposition des hôpitaux régionaux des médicaments coûteux nécessaires au traitement. Un soulagement pour de nombreuses familles, et pour les enfants qui pourront être soignés près de chez eux. Depuis le 1er janvier, les frais relatifs au diagnostic et au traitement des enfants thalassémiques ne sont donc plus pris en charge uniquement par l'hôpital d'enfants de Rabat. « A titre d'exemple, un enfant thalassémique habitant Safi sera pris en charge gratuitement par l'hôpital régional de Safi ou à défaut par le Centre Hospitalier Mohammed VI de Marrakech. S'il se présente de lui-même à l'Hôpital des enfants de Rabat, sans référence par le Centre hospitalier Mohammed VI, il devra s'acquitter de la totalité des frais des soins et ne pourra pas demander la gratuité », illustre le CHU Ibn Sina.