Le Soir échos a contacté le politologue Youssef Belal qui nous éclaire ici sur les raisons et les dessous des dernières nominations. Youssef BELAL Le roi vient de nommer plusieurs conseillers, en un temps record ? À quoi se prépare-t-il ? Il se prépare sérieusement au gouvernement PJD. Il est clair que c'est une sorte de gouvernement de l'ombre, où sont placées des personnalités fidèles à la monarchie. Cela montre que nous ne sommes pas encore dans un système de véritable monarchie parlementaire, dans une véritable démocratie, où chaque homme de pouvoir doit rendre des comptes et doit passer par des élections. On assiste aujourd'hui à un système à double légitimité : la légitimité démocratique et la légitimité monarchique. Le véritable enjeu dans le contexte actuel est de voir comment agit Benkirane dans ce contexte. Benkirane avait promis de parler directement au roi et non aux conseillers. Il semblerait que cela ne se soit pas passé comme prévu ; ce qui suscite pas mal de questions, notamment sur sa capacité à tenir ses engagements. Mais aussi des questions sur la manière avec laquelle fonctionnent les institutions. Fassi Fihri a été ministre des Affaires étrangères, durant une dizaine d'années, et voilà qu'il est nommé conseiller du roi. Ce n'est un secret pour personne qu'il a son mot à dire dans la politique étrangère marocaine. Le roi vient de nommer plusieurs conseillers, en un temps record ? À quoi se prépare-t-il ? Il se prépare sérieusement au gouvernement PJD. Il est clair que c'est une sorte de gouvernement de l'ombre, où sont placées des personnalités fidèles à la monarchie. Cela montre que nous ne sommes pas encore dans un système de véritable monarchie parlementaire, dans une véritable démocratie, où chaque homme de pouvoir doit rendre des comptes et doit passer par des élections. On assiste aujourd'hui à un système à double légitimité : la légitimité démocratique et la légitimité monarchique. Le véritable enjeu dans le contexte actuel est de voir comment agit Benkirane dans ce contexte. Benkirane avait promis de parler directement au roi et non aux conseillers. Il semblerait que cela ne se soit pas passé comme prévu ; ce qui suscite pas mal de questions, notamment sur sa capacité à tenir ses engagements. Mais aussi des questions sur la manière avec laquelle fonctionnent les institutions. Fassi Fihri a été ministre des Affaires étrangères, durant une dizaine d'années, et voilà qu'il est nommé conseiller du roi. Ce n'est un secret pour personne qu'il a son mot à dire dans la politique étrangère marocaine. Il y a donc un cabinet étoffé et, bientôt, un gouvernement ? Comment se fera l'exercice du pouvoir dans ce cas de figure ? Tout dépendra du leadership du chef du gouvernement. C'est sûr que si nous avions eu Abbas El Fassi comme chef de gouvernement, c'est-à-dire un premier ministre fantoche, on aurait eu une espèce de continuité. Je pense que tout dépendra de la capacité de Benkirane à s'imposer. Maintenant, Benkirane aura affaire à un double front : le Palais et sa propre majorité. Ce n'est pas le parti de l'Istiqlal qui va tenir tête au Palais. Demain, il y aura certainement des crises entre le Palais et le chef du gouvernement, Tout ce jouera dans la capacité de Benkirane à gérer ces crises. Il semblerait qu'il a déjà remporté un bras de fer entre lui et lePalais, notamment sur la question de Ramid au ministère de la Justice. Il ne faut pas oublier non plus qu'il y a, aujourd'hui, une nouvelle donne ; les élections deviennent de plus en plus fondamentales, et le PJD sait pourquoi on a voté pour lui. C'est ce qui le mettra en confiance. Du coup, il tolèrera de moins en moins l'ingérence du Palais. Tout l'enjeu se manifestera dans une lecture avancée ou pas, de la Constitution. « On assiste aujourd'hui à un système à double légitimité : la légitimité démocratique et la légitimité monarchique ». C'est-à-dire ? On assistera, en quelque sorte, à trois cercles du pouvoir : le premier est un espace autonome où le chef du gouvernement agit comme bon lui semble ; le second est un espace partagé (entre le Palais et le chef du gouvernement ) qui sera ponctué par des crises politiques. Et tout l'enjeu est de savoir qui sortira gagnant de ces crises. Le troisième cercle est le domaine réservé du roi, dans lequel le chef de gouvernement voudra avoir son mot à dire. Non seulement le roi a nommé ces conseillers, mais il semble qu'il aurait eu son mot à dire concernant le choix de quelques ministres ? Que reste-t-il donc comme marge de manœuvre à Benkirane ? Le problème s'est plutôt posé pour les autres partis de la majorité et non pas pour le PJD. Il faut savoir que ce dernier a imposé ses ministres. C'est avec les autres partis qu'il y a eu des réserves émanant du Palais. En même temps, on sait quels ont été les critères du choix des condidats d'autres partis, sur une base de népotisme, de copinage, de liens familiaux et de clientélisme. Ce qui a créé une sorte d'espace que le Palais a su exploiter. En effet, si l'Istiqlal ou le MP avaient voulu imposer leurs ministres, ils auraient pu le faire. Il faudrait revoir comment s'est déroulé tout ce processus. « les élections deviennent de plus en plus fondamentales, et le PJD sait pourquoi on a voté pour lui. C'est ce qui le mettra en confiance ». Si le PJD a pu imposer ses ministres, c'est parce que ses ministres ont été choisis d'une manière démocratique, alors que les autres partis sont dirigés par deux ou trois cliques qui veulent se partager les portefeuilles.