Le retrait du mouvement islamiste Al Adl Wal Ihssan semble avoir eu un impact positif sur le Mouvement du 20 février. C'est en tout cas ce qu'estiment ses militants, selon lesquels la marche du dimanche 25 décembre aurait retrouvé ses anciens alliés. « Nous avons retrouvé l'ambiance des premières marches. Des familles venues avec leurs enfants ont rejoint la marche du dimanche 25 décembre. Les anciens militants que nous croyions partis du mouvement sont réapparus », se réjouit l'avocate Naïma Guellaf. Militante acharnée du mouvement et de la gauche, c'est elle qui coordonne le comité national de libération immédiate de Seddik Kabbouri et Mahjoub Chennou dont les photos ont d'ailleurs été brandies par les manifestants. « Après l'adoption de la nouvelle Constitution et la nomination d'Abdelilah Benkirane, les citoyens n'ont ressenti aucun changement. Ils sont sortis nombreux revendiquer leur droit à une vie digne », ajoute Me Naïma Guellaf. Un retrait positif Entre 2 000 et 3 000 participants ont pris part à la dernière marche du M20F de cette année. De Bab El Had à Place de la poste, la marche a duré plus de deux heures, de 16h à 18h30. « Si les citoyens ont marqué une présence massive, c'est grâce au retrait de la Jamaâ d'Al Adl Wal Ihssan. Plusieurs nous ont même confié être soulagés de voir que le M20F a retrouvé ses principes de base, celle de la gauche, et qu'ils veilleront désormais à être présents à toutes les marches », affirme cette militante. L'impact du retrait d'Al Adl Wal Ihssan est donc positif, comme le prouve la montée en flèche de la côte de popularité du M20F. Le mouvement aspire, aujourd'hui, à retrouver sa dynamique avant de chercher des financements. Mais est-ce que ce retrait ne signifie pas, également, une perte de moyens financier ? « Non, la participation de la jamaâ n'était pas aussi importante que certains le laisseraient entendre. Sur le plan financier, sa contribution était similaire à celle des autres membres. D'ailleurs, nous souffrions depuis toujours du manque de moyens qui ne nous permet même pas de disposer de hauts parleurs », déclare le coordinateur du conseil national de soutien du M20F, Mohamed El Aouni. Des perspectives L'état des lieux n'a pas changé, non plus au sein du mouvement, qui aspire, aujourd'hui, à retrouver sa dynamique avant de chercher des financements. « Nous avons prévu d'organiser une rencontre préparative à l'assemblée générale de notre conseil. Nous discuterons de nos priorités pour l'an prochain. Mais d'ici là, nous avons décidé de maintenir une marche nationale mensuelle », annonce Mohamed El Aouni. Et de rappeler que la marche du 25 décembre était la dixième du mouvement. « Elle s'est déroulée dans le calme, même si à la fin, certains baltajias ont tenté de semer la zizanie. Fort heureusement, il n'y a pas eu de violence », précise ce responsable pour qui l'espoir du M20F se trouve aussi dans la reconstitution du pôle de la gauche. « Plusieurs partis de la gauche étaient présents : PSU, Attaliâ, PADS, mais aussi quelques figures du PPS et de l'USFP », constate-t-il. L'appel de gauche Après le départ des islamistes, le M20F compte redevenir le porte-voix de la gauche. « Nous restons ouverts à tout le monde, à toutes les couches sociales, mais il est certain que la présence de l'USFP a été un signe fort, pour nous », confie ce militant. Retrouver la gauche surtout à l'avènement du nouveau gouvernement, c'est à quoi aspirent les militants du M20F. « Personne n'a scandé de slogan contre Benkirane. Mais tous les participants ont crié leur impatience de voir leur vie s'améliorer. Durant la marche, ils ont revendiqué de meilleurs salaires, une vie digne, la lutte contre la corruption… En fait, nos slogans sociaux ont été porté haut et fort par des hommes, des femmes et des enfants », indique Mohamed El Aouni. Un mouvement social avant tout, celui des citoyens et de la rue. Le retrait de la Jamaâ semble dissiper le flou des jeunes révoltés sur les perspectives à venir du M20F. Il ne lui reste plus qu'à mieux organiser ses rangs, s'immuniser contre les conservateurs.