Bus, grands et petits taxis, tramways,… Les transports en commun se multiplient. Et les problèmes avec. Une solution existe pourtant rendre les transports urbains complémentaires. L'heure aujourd'hui est aux propositions. La galère des transports est le lot quotidien de nombre d'habitants des grandes villes. A Casablanca et Rabat, rentrer chez soi est souvent un calvaire… A croire que la multiplicité et la diversité des transports en commun ne suffit pas. Et si les transports urbains travaillaient à l'unisson ? Qu'ils devenaient complémentaires et non plus ennemis, par le biais d'une entente scellée entre les sociétés gestionnaires des différents moyens de transports, afin de structurer et ordonner de manière cohérente les transports urbains. Vendredi dernier, à Rabat, c'est autour de ce sujet qu'ont discuté différents acteurs, marocains et français, spécialisés dans les questions liées notamment aux réseaux de transport et à l'urbanisme. Initié par la Société de tramway de Rabat-Salé (STRS) et l'Agence française de développement (AFD), l'atelier de travail a notamment identifié la nécessité de mettre en place des espaces relais entre les différents moyens de transport. A quand des parcs relais ? Au Maroc, l'idée émerge. « Nous sommes en train d'inciter le citoyen à déposer sa voiture et à prendre les transports en commun. Pour ce faire, il faudrait mettre en place, au préalable, des parcs relais», explique au Soir échos Jamal Nafaa, architecte en chef et responsable des déplacements urbains à la wilaya de Rabat Salé Zemmour Zaërs. En somme, là où la voiture s'arrêtera, le tram' ou le bus prendront le relais. Dernièrement, la même wilaya a notamment proposé à la STRS que «les personnes habitant à Salé et Kénitra puissent par exemple déposer leurs voitures dans un parking qui serait construit au niveau de la Marina». Ce qui désengorgerait la capitale. Cependant, tout cela ne se conjugue aujourd'hui qu'au conditionnel. La ville de Casablanca, championne des embouteillages et de la pollution, qui accueillera son tram' en décembre 2012, pourrait également en prendre de la graine. Ce serait rendre service aux usagers des transports en commun. Et à l'environnement. Mais agir uniquement sur les transports ne suffit pas. Se pose également la question de la déconcentration des administrations. Celle-ci devient nécessaire, et se présente comme un bon moyen de diminuer le flux des populations travaillant dans l'axe Rabat-Casa. Une concentration qui permettrait aussi d'augmenter l'attractivité des autres villes, qui ne seront pas réduites au seul rang de «cité-dortoir». Entretien avec … Patricia Varnaison-Revolle, chef du département «Déplacements durables» au CERTU (Centre d'études sur les réseaux, les transports, l'urbanisme et les constructions publiques) « Une gestion locale des transports publics » Comment expliquez-vous que, malgré la présence du tramway et d'autres moyens de transport, les automobilistes tiennent toujours à utiliser leur voiture ? Proposer une offre performante supplémentaire ne suffit pas, il faut aussi contraindre la voiture. D'un autre côté, le tramway ne va pas encore dans la périphérie. Il faudrait que des lignes de bus se rabattent sur des points stratégiques, comme les terminus, pour permettre aux passagers de passer aisément d'un moyen de transport à un autre. Là est tout l'enjeu de la complémentarité des transports urbains. La restructuration des lignes de bus est-elle importante pour parvenir à cette complémentarité ? Oui, absolument. Mais ce n'est pas facile à mettre en œuvre. Différentes autorités doivent se mettre d'accord. Il faut expliquer à chaque acteur qu'il ne s'agit pas de voler des clients d'un transport pour les mettre dans un autre. Il y a de la place pour tout le monde. Ils doivent travailler ensemble. Qu'en est-il de la question tarifaire ? Il serait préférable de mettre en place des billets uniques pour les différents moyens de transports. Que les personnes qui passent du bus au tramway puissent bénéficier d'une réduction. Le CERTU a réalisé une étude comparative entre différentes villes comme Le Caire et Tunis. Qu'avons-nous à apprendre de nos voisins ? Le Caire a mis en place une bonne ligne de métro. Mais ils n'ont pas suffisamment protégé leur réseau bus. C'est ce qui a dégradé et détérioré la qualité des transports sur les bus, qui fait qu'aujourd'hui tout se concentre sur le métro. Et deux lignes de métro ne suffisent pas à desservir une agglomération. Quant à Tunis, elle est l'une des villes du bassin méditerranéen la plus structurée en matière de transports collectifs. Mais ça reste une mainmise importante de l'Etat. Et l'expérience dans le monde montre que les transports publics doivent de préférence être gérés localement, par les collectivités locales.