Tandis que l'USFP a définitivement opté pour l'opposition, des irréductibles continuent de demander la démission du bureau politique. Entretien avec Tarik Rmili, membre fondateur des « Ittihadis du 20 Février ». Dimanche 4 décembre, une soixantaine de personnes se sont réunies devant le siège de l'USFP à Rabat, pour protester contre les dirigeants de leur parti, qu'ils veulent voir « dégager ». Pour la plupart membres de ce qu'on appelle les « Ittihadis du Mouvement du 20 Février », ces contestataires souhaitent tout simplement la démission collective du Bureau Politique. Qui sont ces Ittihadis du 20 Février ? Pourquoi protestent-ils contre leur direction ? Et comment gèrent-ils leur cohabitation au sein du M20F ? Réponses avec Tarik Rmili, membre du Conseil national de l'USFP et fondateur des « Ittihadis du 20 Février ». Qui sont les instigateurs de cette fronde ? Il s'agit du groupe des Ittihadis du M20F. Nous avons essayé de préparer le sit-in à travers facebook. Nous étions une soixantaine environ, debout devant le siège de l'USFP à Rabat. Personnellement, je n'étais pas présent parmi eux, je me trouvais à l'intérieur du siège puisque je suis membre du Conseil national du parti. Est-il vrai que la direction a fini par virer les protestataires ? C'est ce qui a été publié dans la presse, mais en réalité le communiqué publié par le bureau politique visait les membres du parti qui soutenaient d'autres candidats lors des élections législatives. Mais, entre nous, tout le monde savait très bien qui était visé, c'est-à-dire le groupe de personnes qui se trouvait à l'extérieur du siège le jour de la fronde. Mais bon, ils ne peuvent pas les virer, un parti qui se respecte ne vire pas des militants car ils ont exprimé leurs opinions. Que reprochez-vous à la direction de votre parti ? Le Bureau politique est le premier responsable des faibles résultats que nous avons obtenus lors des dernières élections. La direction doit présenter une démission collective. Pourquoi voulez-vous qu'ils démissionnent alors que le congrès national est prévu pour les prochains mois ? Tout d'abord, le congrès est une étape normale. C'est la loi qui oblige le parti à organiser le congrès national. Nous sommes dans une nouvelle ère, avec de nouvelles pratiques. N'importe quelle direction qui échoue doit aussitôt présenter sa démission. Le problème, avec la direction actuelle, c'est qu'il n'y a même plus une once d'espoir. Souvenez-vous, lorsque le parti avait obtenu des résultats médiocres lors des Législatives de 2007, El Yazghi, à l'époque secrétaire général du parti, avait subi des pressions et a aussitôt présenté sa démission. «Nous ne visons pas Abdelouahed Radi lorsque nous manifestons, mais toute l'équipe dirigeante ; qui devra assumer ses responsabilités ». Pourquoi ceux qui avaient fait pression sur El Yazghi n'entament-t-ils pas la même démarche avec la nouvelle direction ? Parce que, tout simplement, ceux qui avaient fait pression sur El Yazghi sont les mêmes qui commandent le parti aujourd'hui. Ils veulent aujourd'hui nous vendre du rêve, mais ça ne fonctionne plus comme ça. On a perdu confiance en eux. En 2009 déjà, ils devaient prendre leur responsabilité suite aux mauvais résultats des communales. Ce qu'on demande aujourd'hui, c'est que la direction démissionne et que le Conseil national chapeaute la préparation du prochain congrès national. Le parti a finalement opté pour l'opposition. N'est-ce pas une manière pour la direction d'assumer les résultats du 25 novembre ? Non, pas du tout. Ce n'est pas le parti qui a choisi de se mettre dans l'opposition, mais plutôt le peuple qui l'a mis dans l'opposition. Au vu des résultats catastrophiques, c'est une évidence pour moi que le parti opte pour l'opposition. Je tiens à rajouter une chose importante, nous ne visons pas Abdelouahed Radi, lorsque nous manifestons, mais toute l'équipe dirigeante qui devra assumer ses responsabilités. Vous êtes membre des Ittihadis du 20 Février, vous entendez-vous bien avec les autres membres du mouvement ? Tout d'abord, je tiens à vous dire que nous faisons partie des fondateurs du Mouvement du 20 février. Sinon, nous avons de bonnes relations avec eux, nous avons les mêmes revendications. Il n'y a aucun problème entre nous. Et avec les « Adlistes » ? Tout nous oppose ! Vous venez de dire, pourtant, que vous avez de bonnes relations avec les autres membres du M20 et les Adlistes sont une frange non négligeable du Mouvement ? Je parle de leur idéologie, que je ne partage pas du tout. Comment voulez-vous vous entendre avec des gens qui demandent l'installation d'un Khalifa ? Néanmoins, c'est un mouvement qui a des revendications qui sont claires et a toujours été présent lors des différentes manifestations.