La pesée du pain vendu sur le marché ne fait l'objet d'aucun contrôle et le vide juridique accompagnant marque encore plus le creuset. Résultat : le consommateur final paye les frais face à un marché qui vit au rythme d'une totale anarchie. Les types de pain fabriqués et mis en vente sur le marché national ne subissent aucun contrôle en matière de pesée. Pis, cette question fait office d'un vide juridique très embarrassant. Le seul texte juridique existant date de 1975, un décret publié dans le Bulletin officiel numéro 3250 du 12 février 1975 (voir encadré). Ce dernier ne concerne que les pains fabriqués par les boulangers panifiant suivant le mode de panification européenne. « On voudrait bien nous aligner sur les normes européennes. Mais qu'en est-il des marges bénéficiaires ?», se demande une source auprès de la Fédération nationale des boulangers et pâtissiers (FNBP), avant d'ajouter que les boulangers français, par exemple, dégagent un bénéfice net de 800 dirhams par quintal de farine. Comme le fait savoir cette même source, le pain classique coûte aux professionnels marocains entre 1,5 DH et 1,6 DH l'unité, alors qu'il est vendu sur le marché au prix de 1,20 DH. D'autant plus que cette denrée de base dans notre alimentation est subventionnée par l'Etat. Une subvention jugée insuffisante par les professionnels de la boulangerie-pâtisserie. Résultat : sur la foi de cette source, les boulangers et pâtissiers sont perdants. Le pain vendu par les colporteurs et marchands ambulants, surtout celui prétendu être à la semoule de l'orge, est fabriqué à partir des déchets indésirables dégagés par les minoteries. Mais là, il convient de se poser la question suivante : «Si les officiels avancent que le produit est subventionné à hauteur de 2,5 milliards de dirhams (selon les derniers chiffres publiés) et que les professionnels avancent que la fabrication et la vente de ce produit est une mauvaise affaire, alors qui des deux croire ? ». Une double facture pour le consommateur Face à ce scénario où l'un jette la responsabilité sur l'autre, c'est le consommateur final qui semble être la victime en payant les pots cassés. Autrement-dit, et eu égard au vide juridique (définition des types de pain et la tolérance de leur poids) et à l'absence de contrôle des autorités compétentes, le marché cède à l'anarchie totale. Chacun dicte sa loi et fixe le poids du pain selon ses arrangements personnels. Certes, si le prix d'un pain reste inchangé à 1,20 DH, la marge de manœuvre dont dispose le secteur formel ou informel (encore pire), pour gérer de manière optimale leurs charges d'exploitation, reste par excellence le poids. Ceci, sans aborder l'épineuse problématique du contrôle sanitaire et des normes de sécurité et d'hygiène à respecter lors de la fabrication du pain. A en croire ce professionnel, le pain vendu par les colporteurs et marchands ambulants, surtout celui prétendu être à la semoule de l'orge, a pour origine les déchets indésirables dégagés par les minoteries. Sur ce chapitre à sensibilité sociale, l'Etat est interpellé à jouer le rôle d'équilibriste : tantôt protecteur du consommateur, tantôt pourvoyeur d'emplois. Une mission qui ne sera pas de tout repos pour le prochain gouvernement. Notre source, qui a préféré ne pas voir son nom cité, espère que le gouvernement PJDiste se penchera sérieusement sur la question. D'autant plus que la subvention dédiée ne représente que près de 5 % du budget global de la Caisse de compensation, alors que c'est la facture pétrolière qui revendique l'essentiel des charges budgétaires. Un décret désuet L'article premier d'un décret paru au BO n° 3250 du 12 février 1975 (page 203) explicite que les types de pain fabriqués et mis en vente par les boulangers panifiant, suivant le mode de panification européenne, doivent répondre aux caractéristiques suivantes : I – Pains fabriqués obligatoirement avec de la farine nationale de blé tendre : 1° Pain de 800 grammes : - type dit « bordelais », longueur 50 centimètres environ, tolérance de poids 5 %. 2° Pain de fantaisie : a) type « avion » ou « flûte » de 500 grammes, tolérance de poids 5 %. b) type « petite flûte » ou « baguette » de 250 grammes, tolérance de poids 5 %. c) petit pain, poids 100 grammes au minimum. II – Pains fabriqués obligatoirement avec de la farine de luxe de blé tendre : (Toutes les fabrications dénommées « viennoiseries » ou « parisiennes ») a) Pain type « avion » ou « couronne » ou « pain rond » de 400 grammes, tolérance de poids 5 %. b) Pain type « baguette » ou « couronne » ou «pain rond » de 200 grammes, tolérance de poids 5 %. c) Petit pain, poids de 50 grammes au minimum.