Mounat Charrat expose en solo, à partir d'aujourd'hui, à la galerie AB à Rabat. L'occasion pour les amateurs d'art de découvrir sa toute fraîche recherche picturale, où la figure fait son entrée en grande pompe. Des figures font leur apparition dans le travail de Mounat Charrat. « Ne me posez pas la question de savoir pourquoi », lance l'artiste. Les pierres suspendues et aériennes laissent place parfois timidement, à des têtes et des visages humains. C'est là la principale nouveauté dans la recherche artistique de cette créatrice, née en 1965 à Casablanca. Ces œuvres récentes sont à découvrir à partir d'aujourd'hui à la galerie AB à Rabat. Si Mounat Charrat préfère ne pas trop réfléchir à ce qui a motivé cette nouvelle recherche, elle n'a pas hésité à intituler cette exposition: « Matières grises ». Toiles marouflées sur carton, techniques mixtes sur toiles. Les matières des figures sont diverses. Les couleurs, elles, restent dans une prédominance grise. Dans une déclaration à Abla Ababou, la propriétaire de la galerie où elle expose actuellement jusqu'au 30 décembre, elle confie que sa nature est multiple et pleine de contradiction, avant d'ajouter dans des propos au Soir échos : « C'est la nature humaine tout court, et elle est pleine de contradictions ». Des contradictions qui se reflètent forcément dans son travail. « Des pierres censées être lourdes, que je peins d'une manière suspendue, c'est une contradiction », ajoute Mounat Charrat. Une dominance de gris et de teintes monochromes L'artiste ne se confine pas uniquement dans un style pictural. Elle se définit comme pluridisciplinaire. Selon sa conception personnelle, un artiste doit expérimenter toutes les matières et toutes les formes artistiques, que ce soit la peinture, la vidéo, les installations ou encore la photographie. « Tout se vaut à partir du moment où c'est l'expression de l'artiste qui importe ». Mounat Charrat ne se confine pas uniquement dans un style pictural. Elle se définit comme étant pluridisciplinaire. Ses matériaux de prédilection ? Ils sont plusieurs. Pour ceux qui ne la connaissent pas encore, il ne serait pas inutile de rappeler que Mounat Charrat vit et travaille à Casablanca. En 1983, elle débute des études d'arts plastiques à Paris aux académies Julian puis Charpentier, et passe ensuite une maîtrise de langues étrangères appliquées. De retour au Maroc, elle attendra 2003 pour exposer son travail. Depuis, elle expose peintures et installations au Maroc et à l'étranger. En lisant son interview publiée dans le catalogue de l'exposition, le spectateur, l'amateur d'art apprendra que Mounat Charrat apprécie aussi bien le bois, la toile, le carton, le papier que les pigments et les plastiques. « J'aime tous les matériaux et j'en accumule pas mal dans mon atelier. Chaque matière attend son tour, car je me dis que tout est possible. Je refuse de me cantonner dans un seul registre ». Le spectateur peut, en effet, ressentir cet éventail de styles, de tons et de matières. « Entre légèreté et gravité, l'artiste nous livre dans cette dernière exposition un travail contemporain et dépouillé où dominent le gris et les teintes monochromes », dira Abla Ababou. Contrebalancer les thèmes Pour se définir par rapport a un courant de l'art contemporain, Mounat Charrat préfère dire que sa peinture est organique, minimaliste, monochrome. « Mes installations sont, elles aussi, monochromes, mais avec une tendance à la dérision. C'est une façon de contrebalancer les thèmes que je choisis… Bref, la vérité existe dans un peu de tout cela, à l'image d'un «melting pot»», déclare-t-elle. Mounat Charrat explore certes une nouvelle recherche. C'est presque un virage dans son travail qui est resté jusque-là très abstrait. A propos du cheminement de son travail, elle dit : « Comme dans le mythe de Sisyphe, j'ai l'impression de recommencer à chaque étape. J'ai travaillé inconsciemment sur des symboles qui questionnent le sens de la vie et la notion du temps : spirales, labyrinthes, flèches, pierres, et plus récemment le jeu ou encore la relation de l'homme avec le temps».