Sothema brandit, de nouveau, la menace de transférer son unité de fabrication d'insuline en Algérie. Le patron du laboratoire pharmaceutique exige « des mesures de protection» pour revenir sur sa décision. Le laboratoire pharmaceutique Sothema remet sur le tapis sa menace de transférer son unité de fabrication d'insuline en Algérie. « La chaîne insuline me coûte la bagatelle de 6 millions DH par an. Je ne peux pas dépenser ce budget pour rien. C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de transférer mon investissement ailleurs où sa protection est assurée à savoir l'Algérie. La décision a été prise au début de cette semaine par le conseil d'administration », avance le président de Sothema, Omar Tazi, lors d'un point de presse, organisé lundi après-midi à Casablanca. Ce dernier affirme également son intention de suspendre tous ses programmes d'investissements relatifs à la fabrication des médicaments issus de la biotechnologie. Le patron de Sothema semble jouer ses dernières cartes pour faire pression sur le Conseil de la concurrence, qui n'a pas encore pris de décision définitive sur la plainte déposée en 2010 par Sothema contre Novonordisk qu'il accuse de « dumping ». Un rapport préliminaire de l'enquête menée par l'instance de Abdelali Benamor conclut que les prix pratiqués par Novonordisk ne sont pas anormalement bas. Une conclusion qui a sorti Omar Tazi de ses gonds. Celui-ci crie à « la concurrence déloyale » et « l'indifférence et l'immobilisme des autorités marocaines » à préserver la fabrication nationale d'insuline. Pour rappel, le conflit qui oppose Sothema au laboratoire norvégien Novonordisk date de 2010 lorsque ce dernier a remporté le marché public d'insuline en proposant le prix de 19 DH le flacon. Cette année, le marché a été également attribué à cette multinationale au prix de 16,80 DH le flacon. Prix « prédateurs » Sothema saisit le Conseil de la concurrence et les ministères concernés à savoir la Santé, l'Industrie, le Commerce extérieur et les Finances. Ses démarches ont été vaines. « Le Conseil de la concurrence m'a dit que le dumping ne relève pas de ses compétences mais du ministère de Commerce extérieur. Ce dernier m'a dit que les procédures sont longues et prennent 4 à 5 ans pour prouver cela. Le ministère de la Santé affirme que la décision revient au ministère des Finances », s'indigne M.Tazi, qui accuse Novonordisk de pratiquer des prix « prédateurs » visant à « arrêter » la fabrication de l'insuline au Maroc. Et de poursuivre : « Ce laboratoire n'a engagé aucun investissement au Maroc. Il importe l'insuline. Nous sommes les seuls à fabriquer ce produit vital aux diabétiques dans le pays. Le Maroc devra protéger la fabrication nationale comme le font l'Algérie et l'Egypte ». Le patron de Sothema appelle à la « préférence nationale ». «Nous sommes les seuls à fabriquer ce produit vital aux diabétiques dans le pays. Le Maroc devra protéger la fabrication nationale comme le font l'Algérie et l'Egypte». Omar Tazi, président de Sothema. « En Algérie, il existe une liste des médicaments fabriqués localement dont l'importation est interdite. C'est une mesure de protection que le Maroc devra appliquer également pour préserver la production locale d'insuline pour ne pas être à la merci d'une multinationale qui importe le produit. Avec l'arrêt de la fabrication locale de l'insuline, le Maroc perdra son indépendance. Le jour où Novonordisk décide d'arrêter l'approvisionnement du marché national, ce sera la catastrophe », poursuit-il. Contacté par Le Soir échos, les responsables de Novonordisk sont restés injoignables. L'assistante de la direction, jointe par téléphone, affirme qu'ils sont tous en formation. Interrogé sur la date du transfert de son unité de production de l'insuline, le patron de Sothema répond qu'aucune date n'a été encore arrêtée. « Le processus nécessitera au moins une année et demie. La production de l'insuline ne pourra démarrer qu'en 2014 », ajoute M.Tazi, qui garde toutefois espoir quant à une issue salvatrice de ce conflit. « Si les autorités marocaines prennent des mesures pour protéger mes investissements, je resterai. Il n'y aura plus de transfert », promet-il. La balle est dans le camp du Conseil de la concurrence et des ministères.