Alors que les électeurs espagnols ont voté hier pour un nouveau Parlement, l'impact des indignés reste difficile à mesurer dans les urnes. Le mouvement des indignés semble peiner à trouver une voie politique. Après leur naissance sur la place Puerta del Sol à Madrid, largement relayé par les médias sociaux, le mouvement s'est répandu à travers le monde, inspirant la France, l'Allemagne ou encore les Etats-Unis. Depuis leur naissance, les indignés bénéficient d'une grande popularité auprès des Espagnols. Selon un sondage publié par le journal El Pais fin octobre, 81% des Espagnols soutiennent les indignés dans leurs constats et 63% veulent qu'ils continuent leurs actions dans la rue. Peu d'impact dans l'arène politique Mais en parallèle de cette popularité, quelle a été l'influence du mouvement sur le débat des législatives ? Premier constat, les indignés peinent à exister dans l'arène politique. La crise a gardé la grande vedette du débat électoral, avec les impératifs de Bruxelles qui pèsent comme des épées de Damoclès sur le prochain gouvernement. A l'origine de ce hors- jeu politique des indignés : l'essence du mouvement, trop fragmenté et parcellaire, animé de multiples revendications. Alors au moment de voter, quel choix vont-ils faire ? Vote- sanction contre les socialistes au pouvoir, vote nul ou vote blanc ? Difficile de savoir la stratégie des indignés face aux urnes, d'autant plus que le mouvement n'a donné aucune consigne de vote. Selon Jorge Verstrynge, professeur de sciences politiques à l'université de Madrid interrogé sur France 24, plusieurs types d'électeurs indignés existent : « Ceux qui descendent dans la rue sont plutôt des électeurs de gauche, qui veulent changer le système, en ont assez de l'argent roi et des compromissions du Parti socialiste. Les “Indignés” qui restent dans leur salon sont plutôt des électeurs de droite, qui veulent surtout se débarrasser du gouvernement socialiste de Zapatero ». Et pourtant, à l'approche des législatives, les indignés n'ont pas baissé les bras et ont participé à la dernière ligne droite de la campagne électorale. Ils ont notamment réinvesti les places centrales de plusieurs villes, à Madrid ou encore à Barcelone. Leur message reste le même : ils rejettent le bipartisme et tout le système de démocratie représentative actuel, qui est selon eux un faux semblant. « Ils ne nous représentent pas », affirment certaines affiches des indignés, renvoyant dos-à-dos le PP et le PSOE. « On te donne le droit de voter, mais pas le droit de participer à la vie politique et à notre propre vie de tous les jours », explique un jeune indigné. En attendant, les indignés continuent leurs actions en Espagne, notamment en occupant des bâtiments pour reloger des personnes en difficulté. Reste à savoir si après les élections, et le retour de la droite annoncé, le mouvement continuera ou s'essoufflera.