Organisée du 16 au 19 novembre par le Think-tank Amadeus, Medays intervient dans un contexte particulier, fait notamment de révolutions arabes et de crises en Europe. Les leçons à en tirer sont nombreuses. Eclairage avec Brahim Fassi Fihri, président d'Amadeus, à quelque jours de l'événement. Brahim Fassi Fihri : «En tant que pays émergent, nous devons nous poser la question de notre représentativité dans les grands cercles internationaux». Photo Yassine TOUMI Quels seront les temps forts de cette édition ? Nous sommes dans un moment particulier, dans une année que je qualifierais d'exceptionnelle.Une année qui commence avec la chute de Ben Ali, qui se poursuit avec celle de Moubarak, la catastrophe de Fukushima, la mort de Ben Laden, la crise de l'Euro, la mort de Kadhafi, la faillite programmée de la Grèce… Notre objectif est avant tout de mettre en place une plate-forme de concertation et de dialogue entre les pays émergents et les pays du sud avec leurs partenaires du nord dans un esprit de partage d'expériences. Quels seront les temps forts de cette édition ? Nous sommes dans un moment particulier, dans une année que je qualifierais d'exceptionnelle.Une année qui commence avec la chute de Ben Ali, qui se poursuit avec celle de Moubarak, la catastrophe de Fukushima, la mort de Ben Laden, la crise de l'Euro, la mort de Kadhafi, la faillite programmée de la Grèce… Notre objectif est avant tout de mettre en place une plate-forme de concertation et de dialogue entre les pays émergents et les pays du sud avec leurs partenaires du nord dans un esprit de partage d'expériences. Cette année, le thème retenu est celui du « Sud dans la gouvernance mondiale ». Comment définir cette dernière ? La gouvernance mondiale ? Il serait plus juste de parler de la non gouvernance mondiale. Le seul espace qui rassemble pays émergents et pays de l'OCDE est le G20. En tant que pays émergent, nous devons nous poser la question de notre représentativité dans les grands cercles internationaux. Je pense au Conseil de Sécurité, en particulier avec deux cas précis. Le veto américain à la demande palestinienne et le veto sino-russe à propos des sanctions contre la Syrie. Nous ne pouvons pas être, aujourd'hui, pris en otages par une puissance, quelle qu'elle soit, alors que plus de 139 pays, membres de l'ONU se prononcent pour l'adhésion de la Palestine. Idem sur le plan économique avec le FMI et la Banque Mondiale. S'agit-il d'un cheval de bataille de Medays ? Le forum n'est pas subversif. Nous sommes là pour revendiquer une meilleure place pour les pays émergents. Je voudrais souligner que cette thématique était prévue depuis la précédente édition. Revenons donc à cette édition… Le Printemps arabe ! Nous nous focaliserons d'abord sur le financement des transitions. S'il faut se réjouir de la chute de dictatures, il faut surtout faire face aux revendications sociales exprimées. Sans justice sociale, sans emploi, sans système éducatif de qualité, les problèmes seront simplement reportés à d'autres échéances. A Amadeus, nous sommes convaincus que la transition démocratique va de pair avec un développement économique pérenne. La première question que nous aborderons logiquement sera de savoir comment l'assurer dans cette zone. La non-gouvernance et la crise de l'Euro n'obligent-elles pas à repenser le fonctionnement des circuits de décision globaux ? Effectivement. Si nous prenons le Pacte de Deauville avec près de 40 milliards d'euros, dont au passage nous n'avons pas encore vu la couleur et dont le financement viendra certainement en grande partie des pays du Golfe, la véritable question est de savoir ce que nous allons faire de cette somme. L'essentiel est de la distribuer intelligemment. S'agit-il selon vous d'une question de somme ou d'une question de vision ? L'Union européenne a tiré les leçons de ses erreurs, après l'échec du processus de Barcelone et de l'Union pour la Méditerranée où le leitmotiv était de financer la sécurité de l'Europe en soutenant des dictatures, avec le résultat que l'on voit aujourd'hui. Lorsqu'on analyse les discours des décideurs européens, le changement est perceptible. Le véritable point est que nous ne sommes pas demandeurs. Nous savons que nous devons relever les défis sociaux et économiques mais aussi politiques. Avec une situation de finances publiques assez difficile, nous avons besoin d'un appel d'air. Pour le Maroc, je ne sais pas si c'est le Pacte de Deauville ou l'adhésion au Conseil de Coopération du Golfe (CCG) , mais nous avons besoin de 2 milliards de dollars sur 3 ans pour répondre à tous ces enjeux. Qui va les donner, de quelle manière et comment allons- nous les rembourser ? Tout cela dans le contexte d'une crise de l'Euro. Raison pour laquelle, j'ai toujours été sensible à l'invitation du CCG, tout en pensant que nous n'avons pas vocation à le rejoindre. Je pencherais davantage pour un statut avancé à l'image de celui que nous avons avec l'Europe. Comment mesurez-vous les retombées des Medays ? Plus nous avons de personnalités internationales, plus c'est un succès. Medays a toujours été construit pour être une force de proposition. En 2008 par exemple, nous avons été les premiers à promouvoir l'idée d'une banque méditerranéenne de développement et d'investissement. Nous avons également proposé un ERASMED sur le modèle d'ERASMUS. Aujourd'hui, ce sont près de 800 étudiants qui ont bénéficié d'échanges avec des universités européennes. Enfin, Medays est un forum non gouvernemental, donc l'idée est de sortir des sentiers battus et de renforcer des rapports de confiance en faisant se rencontrer des gens qui n'ont pas l'habitude de se réunir, à l'image de la délégation palestinienne et israélienne. Pour rappel, c'est lors de la précédente édition que Saeb Erekat a annoncé pour la première fois l'intention de la Palestine de déposer sa demande de reconnaissance auprès des Nations Unies. Mais encore ? Nous allons nous focaliser sur le Pacte de Deauville en mettant autour de la table les représentants de la BERD, la BEI, la BID, de la BAD, des pays du Golfe, de l'Union Européenne et des pays récipiendaires. Sur le plan géopolitique, nous aborderons le Printemps arabe et ses conséquences possibles, entre optimisme et réalisme. Nous aurons également un panel consacré aux relations entre les USA et le monde arabe. Un autre consacré à l'actualité africaine pour faire le point sur les transitions en cours. Nous essaierons également de partager l'expérience des anciens pays d'Europe de l'Est et d'Amérique du Sud. Nous aurons également un panel Chine-Afrique qui fait débat de manière passionnée. La Turquie n'est pas en reste. Pays qui, à mon avis, a le mieux profité de la chute de Moubarak et qui a su tirer son jeu de ce Printemps arabe puisqu'il est aujourd'hui perçu par certains comme le nouveau leader de la région. Pour conclure, je dirais que le fait que ce forum ait lieu au Maroc est un signal important. La transition marocaine intéresse, Nous sommes aussi le seul pays de la région qui puisse organiser ce genre d'événements.