Sur la question du Sahara, le Maroc a encore du chemin à parcourir en Amérique latine. Cette fois, c'est du Pérou que la diplomatie nationale risque d'essuyer un revers. Il semble que le forcing du Polisario a eu raison de la résistance de certaines poches de résistance acquises au Maroc. Dans une précédente édition, nous avons évoqué le déplacement d'un responsable du Polisario à Lima. Et comme en politique, il n' y a pas de coïncidence, au cours de la même semaine, la propagande du Polisario a réalisé un point et ce amenant le Parlement de Lima à approuver en session plénière une motion «condamnant» ce qu'il qualifie de «répression» de certains séparatistes de l'intérieur qui ont visité les camps de Tindouf. C'est encore sur le dossier des droits de l'Homme que le Polisario concentre le gros de son artillerie propagandiste. L'Amérique latine en est la cible. Une région où la diplomatie marocaine marque le pas. La résolution adoptée par le Parlement péruvien n'est sans commune mesure avec celle approuvée par les députés chiliens l'été dernier, appelant à la reconnaissance de la RASD Mais que s'est-il passé réellement à Laâyoune, les 8 et 9 mars? Selon une source locale, les séparatistes s'attendaient à un accueil pareil à ceux d'Aminatou Haidar ou de Tamek & Cie. En somme à ce que les autorités les interpellent. C'est raté. Alors qu'ils ont sorti l'arme de la provocation en scandant des slogans diffamatoires. Les députés péruviens n'ont pas eu vent de cette version des événements. Le forcing diplomatique du Polisario au Pérou vise essentiellement la levée de la suspension de la reconnaissance de la RASD par les autorités de Lima. Une mesure décidée en 2000 par l'ancien président Alberto Fuigimori, actuellement en prison. Alejandro Tolédo, son successeur à la présidence, avait adopté la même position. Les relations entre Rabat et Lima avaient, en effet, connu un essor considérable. Preuve en est la visite du roi Mohammed VI en novembre 2004, au Pérou et le déplacement de Tolèdo au Maroc. Depuis le retour à la magistrature suprême d'Alan Garcia, en 2006, les choses ont commencé à changer mais en défaveur de la position de Rabat. Une brèche s'est ouverte dans laquelle le Polisario compte s'y engouffrer. La résolution adoptée par le Parlement péruvien n'est sans commune mesure avec celle approuvée, l'été 2009, par les députés chiliens qui avaient appelé Michelle Bachelet, l'ancienne présidente du Chili, à reconnaître la RASD et «d'établir des relations diplomatiques entre les deux pays». La semaine dernière, Mohamed Cheikh Biadillah a été reçu, la par le nouveau président du Chili, Sébastien Pinera.