Taoufiq Hjira, membre du comité exécutif de l'Istiqlal et ministre de l'Urbanisme et de l'Habitat, est confiant dans les chances de son parti de rééditer l'exploit de 2007. Il revient ici sur le G8, l'avenir de la Koutla, les relations avec le PJD et le prochain congrès du parti de la Balance prévu en 2013. Taoufiq Hjira : « Notre principale force est notre présence, en tant qu'acteur politique, dans toutes les phases qui ont façonné le Maroc d'aujourd'hui ». Photo Yassine TOUMI Après votre victoire en 2007, comment abordez-vous les élections législatives du 25 novembre au sein de l'Istiqlal ? Nous abordons ces législatives anticipées avec la plus grande sérénité. En 70 ans d'existence, nous avons perdu des fois et gagné dans d'autres. Notre principale force est notre présence, en tant qu'acteur politique, dans toutes les phases qui ont façonné le Maroc d'aujourd'hui. Et nous continuons de l'être dans un environnement particulier avec des circonstances nouvelles. En dépit de ce contexte nouveau, le parti de l'Istiqlal ne changera pas d'un iota sa ligne politique basée essentiellement sur le respect des institutions; avec cet objectif nodal qu'est la poursuite des réformes politiques et la mise en application de la nouvelle Constitution. Quand vous parlez d'«environnement particulier», vous pensez à quoi ? Je pense à la crise économique internationale, au Printemps arabe, notamment en Afrique du Nord, et aux mutations qui se produisent sur la scène politique nationale. Autant de défis qui nous obligent à passer à la vitesse supérieure dans les quelques années à venir. La législature 2012-2017 sera décisive. C'est un challenge qui nous interpelle tous, que ce soit la majorité ou l'opposition, afin de gagner le pari de la construction du pays. Il y a le G8. Et là, je tiens à préciser que l'Istiqlal n'est nullement contre et que nous n'allons jamais l'attaquer. Ce regroupement est dans la légalité totale. Le chef du gouvernement, istiqlalien, a fait l'objet de nombre de critiques tout au long de son mandat. Comment évaluez-vous le passage de Abbas El Fassi à la primature ? Abbas El Fassi a été nommé à la primature dans un contexte très difficile. En toute objectivité, durant ces quatre années, le Maroc a réalisé bien d'avancées. Je ne peux pas dire que Abbas El Fassi est un bon ou un mauvais premier ministre. C'est au peuple marocain d'en juger le 25 novembre. En dépit des nombreuses critiques de la gestion de Abbas El Fassi des affaires du pays, le parti de l'Istiqlal parvient à tirer son épingle du jeu, la preuve les communales du 12 juin 2009. Où réside la force de l'Istiqlal ? Le parti de l'Istiqlal est une grande machine électorale et administrative. Nous sommes présents dans les quatre coins du Royaume, même les plus éloignés ou enclavés. Notre système d'organisation, qui est d'ailleurs notre principale force, repose sur la cohabitation entre un inspecteur, sorte de responsable administratif du parti au niveau local, et le président du conseil provincial élu pour une période de deux années. Comment l'Istiqlal aborde-t-il la question des alliances ? Nous considérons que la configuration politique est plus simple à lire aujourd'hui. Premièrement, il y a le G8. Et là, je tiens à préciser que l'Istiqlal n'est nullement contre et que nous n'allons jamais l'attaquer. Ce regroupement est dans la légalité totale. En revanche, ce que je peux reprocher à cette alliance c'est que nous sommes en face d'un mélange de tendances politiques. Un fait qui risque d'impacter négativement le taux de participation aux législatives anticipées. Deuxièmement, il y a la Koutla. Depuis 20 ans déjà, nous travaillons ensemble avec nos partenaires de l'USFP et du PPS au sein de cette structure. Nous avons réalisé d'excellentes actions avec feu Hassan II et avec le roi Mohammed VI. Nous sommes convaincus que le bloc démocratique a encore un rôle à jouer dans le Maroc d'aujourd'hui. A commencer par la mise en œuvre de la nouvelle loi fondamentale. Troisièmement, il y a le PJD. C'est un parti que nous respectons. Il a sa base et il a fait ses preuves. La lecture de la carte politique est plus simple que jamais. Et c'est tant mieux. « Le parti de l'Istiqlal est une grande machine électorale et administrative. Nous sommes présents dans les quatre coins du Royaume, même les plus éloignés ou enclavés ». Quelles sont les grandes lignes du programme économique de votre parti ? Nous n'allons pas démarrer sur une feuille blanche. Mais nous partons avec des acquis et des réalisations. Nous sommes parfaitement conscients des contraintes financières posées. La période 2012-2017 ne s'annonce guère facile, la crise économique mondiale pourrait s'accentuer. Notre parti, compte tenu de ce contexte, a élaboré un programme faisable. Nous ne faisons pas de la surenchère mais nous sommes sincères dans nos objectifs. Quels sont les profils à même d'occuper le poste de chef du gouvernement au sein de votre formation ? Pour en revenir aux dispositions de la nouvelle Constitution, le roi choisira le chef de gouvernement parmi les dirigeants du parti arrivé en tête des législatives qui n'est pas forcément le secrétaire général. Nous sommes respectueux de cette disposition. Autrement, ce ne sont pas les bons candidats qui manquent au sein de notre formation. Taoufiq Hjira se présentera-t-il à ces élections ? Non. Par contre, j'ai un frère qui a un bilan à défendre. Il est à la fois député, président du conseil de la ville d'Oujda et président du conseil provincial du parti et c'est tout normal qu'il sollicite, à nouveau, la confiance des Oujdis. Qu'en est-il du prochain congrès de l'Istiqlal ? En étant une formation qui travaille dans la sérénité, notre prochain congrès se tiendra après la fin de tout le processus électoral, lequel coïncidera avec le 3e mandat de Abbas El Fassi qui arrivera à terme. Et là, nous élirons une nouvelle direction avec de nouvelles figures.