L'exercice est sous-médiatisé, pourtant il est d'une importance capitale. Loin des habituelles séances des questions orales, les députés d'un groupe parlementaires invitent un ministre. Le Soir échos a assisté à la réunion entre le groupe RNI et le ministre de l'habitat, Taoufiq Hjira. Mercredi, la salle n°3 du sous-sol de la Chambre des représentants a tenu une réunion, à huis- clos, entre le groupe RNI et Taoufiq Hjira. C'est le grand oral du titulaire du département de l'Habitat et de l'Urbanisme. Pendant plus de quatre heures, ponctuées par des échanges parfois vifs et qui ont le mérite d'être directs, le ministre a exposé aux députés l'état des lieux du logement au Maroc sous ses facettes les plus désenchantées : social, insalubre et menaçant ruine ainsi que la construction dans le monde rural. Langue de bois mise sous le boisseau, Hjira a énuméré les entraves qui empêchent le programme villes sans bidonvilles, lancé en 2004, d'honorer totalement ses objectifs d'ici 2012. Puisque, actuellement, seul 68% des réalisations escomptées ont été atteintes. Un pourcentage qui est en deçà des prévisions pour l'année 2010 des responsables de ce département qui tablaient sur 71%. Une baisse qui s'explique par le fait que l'habitat insalubre a repris du poil de la bête dans plusieurs villes du royaume. En dépit de cet incident de parcours, Taoufiq Hjira, n'a pas tari d'éloges sur les efforts de la politique du gouvernement visant à résorber l'habitat insalubre. Un exercice étayé par des rapports de l'ONU. « L'organisme onusien a classé le Maroc parmi les 20 pays qui ont connu une baisse de la progression des bidonvilles », a estimé le ministre. Cette parenthèse fermée, Hjira a souligné que l'habitat insalubre a été résorbé dans 40 villes ; 43 autres montrent encore des signes de résistances alors que 6 sont présentées comme des cas problématiques comme à Casablanca et Rabat. Deux métropoles qui comprennent des quartiers-bidonvilles remontant au début du siècle dernier. Le deuxième volet de l'intervention du ministre a été dédié à l'habitat menaçant ruine. « Un problème qui ne concerne pas seulement les 34 villes antiques du royaume mais également de nouvelles constructions », a précisé Hjira. « Il est difficile de donner des chiffres exacts des Marocains habitant dans ce genre d'habitat », a-t-il reconnu. Et de conclure ce volet par lancer qu'« il est impossible d'élaborer une politique nationale sur l'habitat menaçant ruine ». La construction dans le monde rural est le troisième volet de l'allocution du ministre. Là aussi, les choses ne sont guère simples. Entre une loi remontant aux années 90, limitant la superficie des maisons construites dans les terres de moins d'un hectare à 200 m2 et la volonté des propriétaires de l'étendre, des conflits ont surgit et persistent encore dans plusieurs contrées du Maroc. Hjira a annoncé que son département travaillait sur une circulaire à même de simplifier cette procédure. Néanmoins, il a reconnu que la résolution de ce problème ne dépendait pas uniquement de son ministère, mais qu'elle est tributaire également des accords des ministères de l'Equipement et de l'Agriculture. Une fois l'intervention du ministre terminée, les députés du groupe RNI se sont relayés pour prendre la parole avec quasiment en vedette le monde rural. Chacun s'est focalisé sur les problèmes spécifiques à la commune qu'il dirige. L'exercice a permis de faire un tour d'horizon de localités qui ne figurent pas sur les campagnes promotionnelles du département du tourisme : Klaiaâ dans la province de Chtouka Aït Baha, Khnichate dans la région du Gharb, Jerada et quelques petites bourgades à quelques kilomètres d'Essaouira. Toutes ces communes sont présentées par les intervenants comme des bombes à retardement. Les députés ont également rejeté le rôle de gendarme que leur a collé le ministère de l'Intérieur. Ils ont appelé à l'unification des parties qui contrôlent les constructions illégales dans le monde rural. Même son de cloche du côté du ministre ; selon Hjira, l'unification des organismes de contrôle est une nécessité. Au terme de cette réunion entre le groupe RNI et Taoufiq Hjira, des rendez-vous ont été fixés entre les députés et les différents cadres de ce département présents à cette rencontre pour une solution des dossiers épineux.