Les islamistes du PJD ont les faveurs des pronostics pour arriver premiers aux prochaines législatives. Ils comptent de nombreux atouts, mais leur véritable talon d'Achille reste le rural, le Sahara… et le peu d'amis politiques dont ils peuvent se targuer. Le PJD grand vainqueur aux élections législatives du 25 novembre. L'option est prise très au sérieux, notamment au sein des chancelleries européennes du royaume. Une perspective au centre de nombre de réunions. Contrairement à 2002, aucun sondage n'a été effectué pour appuyer cette thèse. A l'époque, l'Institut républicain américain (droite) avait accordé aux islamistes plus de 47% des voix aux législatives de la même année. Cette enquête d'opinion avait, on s'en souvient, suscité une levée de bois vert au sein de la classe politique. Même si l'IRI a, depuis août dernier, fermé son bureau à Rabat, les chances des partisans de la lampe d'arriver premiers lors du prochain scrutin demeurent intactes. Ce constat puise ses fondements dans la très bonne implantation du PJD dans les grandes villes. Ses principaux bastions sont Rabat, Salé, Casablanca, Tanger, Fès, Tétouan, Oujda, Marrakech et Agadir. Soit les grandes et très grandes villes. Le Challenge pour les islamistes est de réitérer les scores enregistrées en 2007. A l'époque, les islamistes avaient réussi la prouesse de glaner deux sièges dans certaines circonscriptions, comme c'était la cas à la capitale, au Nord et à Fès. Les communales du 12 juin 2009 ont confirmé ces bons résultats. Notable, le relais manquant Mais si, dans les grandes agglomérations, le PJD est dans son milieu naturel, il l'est moins dans les zones rurales et au Sahara. Et ce n'est d'ailleurs pas faute d'avoir essayé de renverser la vapeur en sa faveur. L'ancrage des notables, appuyés sur de solides réseaux où se mêlent intérêts financiers et considérations tribales, handicape fortement l'implantation de la Lampe dans ces parties du Maroc. La prose officielle du parti attribue cet échec à la prolifération de l'achat des voix lors des consultations populaires. Un raisonnement qui n'est pas dénué de fondement. Mais qui , seul, n'explique pas cette faiblesse. Une faiblesse, en partie, conséquence de la mauvaise présence du Mouvement unicité et réforme, dans ces régions lointaines. Parce que c'est grâce aux affidés du MUR que le PJD parvient à enregistrer de grands résultats. La matrice est une mine inépuisable d'électeurs et de candidats, et pour la Lampe et l'UNTM (Union nationale du travail du Maroc), le bras syndical du MUR, dirigé par Mohamed Yatim, député du PJD et membre de la direction du mouvement au même titre que Abdellah Baha, un des ténors de la formation. On l'aura compris, dans les grandes villes, le mouvement de Mohamed Hamdaoui est très bien installé. Ses sections locales font un travail de fourmi. Et les résultats du parti le montrent bien. L'Istiqlal allié naturel ? Qui s'alliera avec le PJD ? Officiellement, aucune formation n'a encore frappé à la porte des islamistes. Mais dans les coulisses, la direction de l'Istiqlal n'écarte pas une telle possibilité. Dans de précédentes déclarations au Soir échos, Mohamed El Ansari, président du groupe PI à la Chambre des conseillers appelait son parti à « entrer en contact avec le PJD pour mettre en place un pôle fort, à l'avenir, et faire réellement trembler la scène politique » Balance et Lampe partagent, à des degrés divers, la même sensibilité islamo-conservatrice. Les deux formations ont initié, par le biais de leurs émanations syndicales, respectivement UGTM et UNTM, une coordination de leurs actions. Une entreprise qui marche très bien. Preuve en est les propos virulents de Hamid Chabat, l'indélogeable patron de l'UGTM, contre le PAM et ses têtes d'affiches. Il n'en demeure pas moins que les jeunes cadres du PI ne partagent guère ni le ton du maire de Fès, concernant le parti du Tracteur, ni la volonté de la direction de prendre langue avec le PJD. Pour le moment, ceux-ci sont en minorité. Rappelons qu'aux lendemains des législatives de septembre 2002, le PJD était un fervent défenseur de l'accession de Abbas El Fassi à la Primature, notamment dans sa course à la collecte des alliés qui l'avait opposé au premier secrétaire de l'USFP, Abderrahman El Youssoufi. C'était avant que le palais n'opte pour un technocrate au poste de chef de gouvernement : Driss Jettou.