Le prochain premier ministre sera-t-il issu de l'Alliance pour la démocratie ? Une perspective à ne pas écarter. Elle est même prise très au sérieux par la classe politique, vu la mobilisation de ses composantes – notamment en comparaison avec les autres acteurs politiques – autour du nouveau programme, mais aussi autour d'un homme : Salaheddine Mezouar. L'homme, en dépit de sa coalition tant décriée, de la mauvaise conjoncture économique et de la nature pro-administration de sa formation, est, aujourd'hui plus que jamais, près d'obtenir un bail de cinq ans à la Primature. Depuis qu'il a réussi à évincer Mustapha Mansouri de la présidence du RNI, en janvier 2010, Mezouar est pressenti pour diriger le prochain gouvernement. Ses rapports avec Abbas El Fassi, son supérieur hiérarchique, sont assez froids ; de même qu'avec les députés et autres conseillers istiqlaliens. Les sessions de questions orales ont souvent donné lieu à des moments de vives tensions entre les deux parties. Un pari politique Candidat sérieux donc, le président du RNI devra toutefois arracher son siège de député lors des législatives du 25 novembre. C'est même une condition sine qua non, sachant que la légitimité des urnes est le véritable talon d'Achille du ministre des Finances. Il ne s'est jamais présenté à une élection. A la circonscription de Meknès, dotée de six sièges, où il compte se présenter, Mezouar jouera donc son avenir politique. Dans sa course vers le Parlement, il aura à affronter des poids-lourds de la scène politique locale : Abdellah Bouanou du PJD, Mohamed Bourhim du PAM, Mustapha El Ansari de l'Istiqlal. Ce dernier n'est autre que le frère de Mohamed El Ansari, président du groupe des conseillers du PI à la Deuxième Chambre. Sans oublier Ahmed Hilal, le maire de la capitale ismaélienne, lequel demeure, pour le moment, sans étiquette politique. Akhannouch, le dauphin Salaheddine Mezouar a-t-il ses chances de remporter son siège ? Toutes les options sont ouvertes. Une victoire le rapprocherait davantage de la Primature tandis qu'une défaite l'en écarterait. Une perspective qui ouvrirait la voie à Aziz Akhannouch, son concurrent non déclaré et l'autre carte gagnante du RNI. Contrairement à Mezouar, la légitimité des urnes ne fait pas défaut au ministre de l'Agriculture. Sur son CV (politique), il compte notamment une présidence de la région Souss-Massa-Daraâ, entre 2003 à 2009, sans avoir eu recours à une quelconque étiquette politique. Samedi dernier, dans son fief électoral de Tiznit, l'homme a présidé un meeting politique aux accents de campagne électorale, sous prétexte de commémoration du 33e anniversaire de la création du RNI. En l'absence de Mezouar, c'est Mohamed Aujjar, membre du bureau exécutif et de la HACA (Haute autorité de la communication audiovisuelle), qui n'est guère en bons termes avec le président, qui a animé la rencontre. Pour mémoire, l'ancien ministre des Droits de l'Homme, sous le gouvernement de Abderrahman El Youssoufi, avait tenté, au printemps dernier, de mener, aux côtés de Mohamed Bentaleb – un des fondateurs du RNI – une fronde contre Mezouar. Le succès n'était pas au rendez-vous. Le report du congrès du RNI de juin dernier à une date ultérieure a nettement joué en faveur du président.