Mohamed Ramdani travaille comme professeur à l'Institut scientifique de Rabat. Spécialisé dans la biologie marine, il répond au Soir échos sur la biodiversité et les espèces menacées du littoral national. Entretien. Un petit état des lieux tout d'abord de la biodiversité marine… Quels sont les chiffres aujourd'hui pour le Maroc ? La faune marine compte 7136 espèces identifiées à ce jour, composées de microorganismes, d'invertébrés et de vertébrés. Certains groupes faunistiques ne sont pas encore identifiés par manque de spécialistes, en particulier les microorganismes. Les vertébrés : poissons, mammifères marins (baleines, phoques et tortues marines) comptent 1 145 espèces. Vous travaillez sur cette thématique depuis plus de vingt ans. Comment ont évolué la faune et la flore marine ? La faune marine au Maroc compte 236 espèces endémiques (c'est-à-dire dont la répartition géographique est limitée aux côtes marocaines, NDA). Parmi les 7 136 espèces répertoriées au Maroc, 271 sont rares ou menacées d'extinction. Il s'agit notamment de 2 espèces d'alose, du phoque moine, de 5 espèces de tortues marines. Les mérous sont menacées par la pêche sportive pratiquée dans les eaux marocaines de la Méditerranée. Les espèces sont-elles plus menacées qu'auparavant ? Les menaces sont généralement liées aux activités humaines et aux changements climatiques. Comme ces deux paramètres deviennent de plus en plus accentués, il est évident que les menaces soient conséquentes, comme avec le ramassage anarchique des bivalves (palourdes) ou le ramassage excessif des algues rouges. De nombreux stocks de poissons et de poulpes ont connu des effondrements ou une diminution remarquable dans l'ensemble des côtes marocaines. Le Maroc a signé en 1992 la Convention sur la diversité biologique lors du Sommet de Rio. Comment cet engagement à l'échelle internationale s'est-il traduit sur le terrain ? De nombreuses mesures concrètes ont été mises en place pour protéger les espèces ciblées et l'habitat : repos biologique pour les espèces pélagiques (la sardine en particulier) et le poulpe dans la zone sud de l'Atlantique marocain. Ces périodes de repos biologique ont été instaurées après une étude approfondie du cycle biologique de chaque espèce cible afin de respecter les périodes de ponte et laisser le stock se reconstituer. La faune et la flore associées aux espèces ciblées sont indirectement protégées dans le site durant ces périodes de repos. Quelles sont aujourd'hui les plus grandes menaces pour la biodiversité marine ? Plusieurs menaces existent. On peut citer le chalutage excessif et l'utilisation des filets interdits, mais aussi le ramassage anarchique des espèces dans les estuaires et lagunes, ou encore les rejets domestiques et industriels en mer sans traitement préalable. L'industrialisation soutenue se traduit par des rejets en mer, qui menacent la faune et la flore marines.