Réunis lundi à huis clos, les chefs des huit partis formant l'Alliance pour la démocratie ont concocté un programme dont la reddition des comptes est le maître-mot. Ses détails seront rendus demain jeudi. Premières indiscrétions. C'est fait ! Les huit composantes de l'Alliance pour la démocratie ont leur programme pour les élections du 25 novembre. Réunis dans la soirée de lundi dans un grand hôtel de Casablanca, les chefs des huit formations ont mis les dernières retouches qui leur serviront, à la fois, d'argumentaire – pour décrocher une place au soleil des prochaines législatives – et de programme gouvernemental, si jamais l'Alliance est déclarée grand vainqueur du scrutin. Sept secrétaires généraux étaient présents à ladite réunion. Seul Mohaned Laenser, secrétaire général du Mouvement populaire et ministre d'Etat, était absent à ce rendez-vous – calendrier oblige : il devait en effet rester à Rabat pour s'entretenir avec le chef de la diplomatie britannique, William Hague. Des membres des bureaux politiques des partis de l'Alliance ont également pris part à la rencontre de lundi. Une réunion au cours de laquelle il était question de la préparation d'un plan d'action commun. «La nouveauté, c'est qu'il ne s'agit nullement d'un programme électoral pour chaque formation, mais d'un programme commun de plus de 47 pages», précise Mohamed Farès, coordinateur national du Parti de la gauche verte marocaine. Le volet économique a eu la priorité chez le bien nommé G8. Au programme, des exonérations fiscales en faveur des petites et moyennes entreprises, histoire de dynamiser le marché du travail. La feuille de route est basée sur la reddition des comptes. Elle concerne l'économie, le social, la politique, l'environnement et les services aux citoyens. Le volet économique a eu la priorité chez le bien nommé G8. Au programme, des exonérations fiscales en faveur des petites et moyennes entreprises, histoire de redynamiser le marché du travail. Programme de gouvernement La réunion de lundi a laissé le soin à une commission technique de spécifier le pourcentage de ces aides et, partant, de fixer le nombre de postes d'emploi à créer durant la période 2012-2017. Cette priorité accordée à l'économie puise son fondement de la plateforme annonçant la création du G8. Le document présenté à la presse, le 5 octobre à Rabat, insiste sur «la libération de tous les mécanismes de structuration afin d'augmenter la croissance économique par l'amélioration de certains moyens équitables de distribution de ses rendements, tout en poursuivant la politique des grands projets, que ce soit au niveau de l'infrastructure ou au niveau des ressources humaines». Force est de reconnaître que nous sommes devant un véritable programme de gouvernement. Autrement, «les discussions entre les composantes de l'Alliance pour la démocratie se sont bien déroulées », ajoute notre interlocuteur. Les divergences politiques entre les partis issus de la gauche et de la droite n'ont pas pesé sur ces entretiens. «La plate-forme que nous avons signée nous réunit tous et nos actions s'y inscrivent pleinement », conclut-il. Au cours de la réunion, la question de l'élargissement de l'Alliance à d'autres formations n'a pas été abordée. Il faut dire qu'il y a urgence. La commission technique précitée n'aura que deux jours pour finaliser le programme, pour une publication dès ce jeudi, jour où les secrétaires généraux du RNI, du PAM, de l'UC, du MP, du PS, du PT, du PGVM et du PRV tiendront une conférence de presse dans la capitale économique. 3 QUESTIONS À … Abderrahmane Benyahya, juriste et membre du conseil national de l'USFP. Pensez-vous que la formation du G8 puisse aider à la clarification du paysage politique ? Avant la Constitution de 2011, ces partis-là ont été créés par le Palais non pas pour diriger, mais pour exécuter le programme royal. La Constitution actuelle promet un gouvernement issu des élections, ce qui veut dire des programmes bien déterminés. Ce qu'on remarque, c'est que ces 8 partis se sont alliés sans avoir élaboré le moindre programme. En 2011, aucun homme politique n'aura le droit de dire : «J'exécuterai le programme de sa Majesté » Sont-ils capables d'obtenir, à eux seuls, une majorité ? qu'en est-il de l'USFP ? Numériquement, c'est possible. C'est d'ailleurs leur objectif. Nous sommes malheureusement en train de renouer avec le système Hassan II. Nous sommes loin d'une bonne pratique de la nouvelle Constitution. Ce que je peux vous dire, en tant que moderniste et socialiste convaincu, c'est que l'USFP n'a pas le droit de participer à une quelconque coalition sans avoir observé les programmes présentés par les partis qui la composent. Le G8 est une coalition pour le patronat. Nous sommes au Maroc, nous avons besoin de faire plaisir aussi bien aux patrons qu'aux couches sociales défavorisées. Mezouar, l'homme providentiel ? Mezouar a été imposé par ce qu'on appelle les technocrates. Lui-même en est un. Comme je vous l'ai dit, nous sommes en train de renouer avec des pratiques hassaniennes. On a pris des gestionnaires et on leur a collé des étiquettes partisanes. Propos recueillis par Réda Mouhsine