Patrick M. Eba, conseiller en droits de l'Homme à l'Onusida à Genève, était en déplacement au Maroc cette semaine. Il a notamment participé à la journée «VIH/sida et droits humains», organisée par le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH). Entretien. Vous avez souligné que dans la région Afrique du Nord / Moyen-Orient, le Maroc fait figure d'exception, dans la mesure où c'est la première fois qu'une institution nationale chargée des droits de l'Homme soutient la lutte contre le VIH/sida. Que peut apporter cette implication ? Les expériences dont on dispose dans d'autres pays où les institutions de ce type se sont investies dans la réponse au VIH démontrent qu'elles peuvent contribuer à faire mieux comprendre la question du VIH et des droits de l'Homme. Ces institutions nationales peuvent, donc par ce biais, faire avancer la protection des PVVIH (personnes vivant avec le VIH). Par la formation, par des activités de sensibilisation, et par le travail avec les ONG, en recevant des requêtes ou des plaintes de ces dernières. Quelle place doit prendre la défense des droits des migrants, population souvent touchée par le VIH/Sida ? Il est essentiel de s'assurer que toutes les personnes, y compris les migrants, aient accès aux services de prévention, de traitement, et aux services de soutien. Le Maroc le fait déjà. Plusieurs pays ratifient des conventions internationales de défense des droits de l'Homme. Et, pourtant, les PVVIH continuent de subir des discriminations au sein de ces Etats. C'est la faute à qui ? L'Onusida reçoit des rapports tous les deux ans, dans lesquels les Etats nous font état de l'avancée des réponses au VIH/sida. Dans ces rapports, de nombreux Etats ont fait mention du fait qu'il existe, dans leur cadre juridique national, des obstacles et qu'ils travaillent pour les surmonter. Et que pourrait apporter de plus le CNDH ? Pour nous, l'implication d'un organe comme le CNDH, dans le cas marocain, pourrait contribuer à faire avancer la réflexion et les actions autour de cette problématique. On espère que les choses vont évoluer positivement, car le Maroc, dans la région Afrique du Nord / Moyen-Orient et dans le monde, constitue un cas de bonnes pratiques. À votre avis, l'un des moyens de protéger les PVVIH n'est-il pas de taire la vérité sur leur sérologie ? Ce qui nous préoccupe, en ce qui concerne le VIH en matière d'assurance, de santé, ou encore d'accès à l'éducation, c'est qu'il n'est pas encore considéré comme les autres maladies qui lui sont similaires. Pourtant, il faut savoir que, aujourd'hui, le VIH n'est pas une sentence de mort. Les personnes atteintes du virus continuent à vivre en bonne santé pendant des dizaines d'années.