Al Zawahiri appelle les combattants d'AQMI à «purifier le Maghreb» La vidéo du 31 décembre est un coup de frein aux négociations que tente de nouer Madrid avec les ravisseurs de trois otages espagnols. Al Qaïda menace de nouveau les intérêts espagnols et français au Maghreb. Un vent de panique souffle dans la région depuis le message rendu public par une vidéo d'Ayman Al Zawahiri datant du 31 décembre. Et dans laquelle, le n°2 d'Al Qaïda réitère, une fois de plus, son appel à l'antenne terroriste locale d'intensifier ses attaques avec pour cible les Français et des Espagnols. Le message contient également un appel à la reconquête de l'Andalousie. La vidéo du n°2 de la nébuleuse Al Qaïda s'adresse exclusivement aux combattants d'Al Qaïda au Maghreb pour «purifier le Maghreb des Espagnols et des Français». Le timing de cette sortie médiatique d'Ayman Al Zawahiri est tout sauf fortuit. Elle coïncide avec les contacts que s'échine le gouvernement de Madrid à nouer, par l'intermédiaire de notables sahéliens, pour la libération des trois otages espagnols actuellement entre les mains de l'AQMI. Un sérieux coup de frein aux négociations. Quelques jours avant la publication de la vidéo du n°2 d'Al Qaïda, son antenne régionale a annoncé le ralliement de 100 combattants venus d'Iraq. De quoi booster les opérations de rapts dans la région du Sahel. La nébuleuse change de tactique et érige désormais le Sahel et le Maghreb au rang de priorité. D'autant que les opérations de kidnapping d'occidentaux par l'AQMI donnent inéluctablement suite à des négociations sur fond de sommes sonnantes et trébuchantes. Des informations avaient en effet laissé entendre que la Suisse et l'Allemagne avaient payé une rançon de 8 millions de dollars pour la libération de quatre otages dont un diplomate canadien détenus par l'AQMI. Au lendemain du message de Zawahiri, la presse espagnole a fait état d'une demande de rançon de 7 millions de dollars pour une issue heureuse pour les trois otages entre les mains des combattants d'AQMI depuis la mi-décembre. Si cette option se confirme, ce ne sera pas la première fois que les autorités de Madrid passent à la caisse pour libérer des otages espagnols. Le précédent Al Alakrana, du nom du chalutier basque, est là pour attester de cette tendance. Selon une dépêche de l'agence Reuter, novembre 2009 et reprise en choeur par la presse espagnole, le gouvernement de Zapatero aurait déboursé 2,3 millions d'euros pour la libération des membres de l'équipage d'Al Alakrana otage de pirates somaliens après 47 jours de séquestration. Depuis lors, les autorités marocaines prennent très au sérieux les menaces d'Al Qaïda. Printemps 2009, le «cri de vengeance» de Abou Moussaab Abdelouadoud, le chef d'AQMI, intitulé «France, mère de tous les maux», dans lequel il avait appelé à «agir contre les intérêts français» pour, dit-il, «l'honneur de nos filles et de nos soeurs». Allusion à l'intention de Paris d'interdire la burqa sur son territoire. Ce qui avait suscité une vive mobilisation avec à la clé une réunion au siège de l'Intérieur des sécuritaires marocains. Menacer les intérêts espagnols, français au Maghreb et appeler à la reconquête de l'Andalousie figurent depuis 2007 dans le discours d'Al Qaïda. Septembre 2007, juste un an après le ralliement du GSPC à l'organisation de Ben Laden, l'Egyptien Al Zawahiri appelait, dans une vidéo, les Maghrébins à chasser Français et Espagnols du «Maghreb islamique» et ensuite à lancer une guerre pour reconquérir l'Andalousie: «Ô nation musulmane du Maghreb, rétablir al-Andalous est une mission incombant à la Oumma dans son ensemble, et à toi en particulier». En dépit de ces menaces d'Al Qaïda, Madrid, dans sa tentative de limiter l'influence du pouvoir religieux marocain dans les présides occupées de Sebta et Melilla, continue de flirter avec des groupes extrémistes d'obédience wahhabite.