La commission mixte maroco-espagnole des professionnels de la pêche se rend aujourd'hui en Espagne, afin d'arrêter une position commune pour la réunion prévue, demain, en présence de la présidente de la commission Pêche au Parlement européen. C'est une course contre la montre qui semble être déclenchée entre le Maroc et les opposants au renouvellement de l'accord de pêche avec l'Union européenne pour une nouvelle période de quatre ans. Résolue à mettre un terme aux «actions malveillantes» et à contrecarrer « l'activisme négatif» de nos adversaires, la commission mixte maroco-espagnole des professionnels de la pêche se rend aujourd'hui en Espagne pour une visite de travail de deux jours. Objectif : «rencontrer à Madrid les autorités espagnoles dans le but d'arrêter une position commune lors de la réunion prévue demain, en présence de l'ensemble des membres de la commission mixte avec la présidente de la commission Pêche au Parlement européen Carmen Fraga et Damanaki, directrice générale de la commission Pêche au sein de la commission UE», note un communiqué de la Fédération de la pêche maritime et de l'aquaculture (FPMA). Cette visite intervient dans une période «très critique», du fait qu'un nouveau cycle de pourparlers sur le sujet sera entamé à partir du 26 septembre prochain, date de la réunion de la commission européenne de la Pêche. Sachant que la date à laquelle sera soumis au vote, au Parlement européen la reconduction de l'accord de pêche liant les deux partenaires, n'est pas encore fixée. Mais pourquoi le Maroc s'accroche à un tel accord avec force et ténacité ? D'autant plus que nombreux sont ceux qui s'opposent à son renouvellement. A cela s'ajoute le fait que les réserves de nos ressources halieutiques ont déjà atteint des seuils critiques. Contacté par Le Soir échos, Omar Akouri, membre de la commission mixte et président de la FPMA, explique que le renouvellent dudit accord revêt une connotation plus politique qu'économique. «Moi aussi j'étais auparavant un antagoniste fervent, mais le contexte a changé. Il faut prendre en considération le fait que l'intérêt national prime sur tout autre», fait-il remarquer. Aux yeux de ce professionnel de la pêche, ce sont les intérêts économiques du Maroc qui sont en jeu. «Il est inconcevable de perdre un de nos partenaires économiques stratégiques qui est l'Espagne. Il faut savoir que les investissements directs de notre voisin se chiffrent par des milliards d'euros. Sans oublier la valeur substantielle des transferts d'argent de notre communauté établie sur la péninsule ibérique», argumente-t-il. Et d'ajouter, chiffres à l'appui, qu'à elle seule, l'Espagne s'accapare près de 42 % des exportations marocaines des produits de la pêche vers l'Europe. En effet, le Maroc vend à en l'Europe l'équivalent de 677 millions d'euros (235 536 t/an), dont plus de la moitié, soit plus de 364 millions d'euros (97 882 t/an) est destinée uniquement à l'Espagne. Avec 800 entreprises espagnoles implantées, le Maroc concentre près de 37 % des investissements directs ibériques en Afrique, soit le premier partenaire économique à l'échelle du continent. En 2010, les investissements espagnols au Maroc se sont accrus de 76 % (en comparaison annuelle) à plus de 240 millions d'euros. Par déclinaison sectorielle, l'industrie détient la part du lion, avec plus de 50 % des investissements. Elle est suivie respectivement – et de loin – par l'immobilier'(18 %), le tourisme(16 %) et le secteur bancaire (5 %). Akouri défend également sa conviction quant à la «mise en efficience» de l'accord de partenariat dans le secteur de la pêche. Et cette visite s'inscrit d'ailleurs dans le souci de sensibiliser les parties concernées sur ses enjeux. Il pense enfin que la dernière offensive de certains eurodéputés (77 d'entre eux) dirigée par le tandem hispano-britannique Raul Romeva i Rueda et Andrew Duff, sollicitant l'avis de la Cour de justice de l'Union, n'est qu'un coup d'épée dans l'eau. «Il faut savoir que Romeva est complètement isolé, pour le simple fait que les autorités de son pays sont de notre côté». Plutôt rassurant !