C'est le blocage de l'enquête parlementaire sur l'Office de commercialisation et d'exportation qui aurait fait déborder le vase. Vendredi soir, en plénière à la Chambre des conseillers, Abdelhakim Benchammach, secrétaire général adjoint du PAM, n'y est pas allé de main morte pour s'en prendre au gouvernement. «C'est de mon devoir, au nom du Parti authenticité et modernité, de mettre en garde contre le danger que représente le refus et la résistance à la volonté du roi et du peuple pour la réforme ». Lorsque le secrétaire général adjoint du PAM, Abdelhakim Benchammach, prend la parole à la Chambre des conseillers, vendredi 16 septembre, c'est, d'abord, pour dénoncer le blocage systématique prémédité que subit la commission d'enquête parlementaire ad hoc sur l'Office de commercialisation et d'exportation (OCE) qu'il préside. Après avoir présenté, le 29 août dernier, un rapport sur les tentatives visant à empêcher son équipe de remplir sa mission, le président de la commission est à nouveau déçu par le refus du directeur de l'OCE de coopérer. La commission, qui vient de se déplacer au siège de l'office, n'a pas été accueillie à bras ouverts et n'a pu obtenir aucun des documents nécessaires à son enquête. « Si cette résistance provenait de forces obscurantistes, nous aurions trouvé la situation normale. Mais que cette résistance provienne des composantes même du gouvernement, cela ne peut certainement pas être admis ! », s'exclame Benchammach accusant « certains ministres » d'avoir délibérément tenté d'avorter l'enquête sur l'OCE en ordonnant à ce dernier de refuser toute coopération. « Notre mission est de contribuer à la lutte contre les crimes commis à l'encontre du Maroc, dont le détournement de fonds publics. Mais cette résistance que nous affrontons est une insolence et un mépris pour ce travail, pour l'institution parlementaire et pour la réforme », regrette le président de la commission d'enquête. Pour le secrétaire général adjoint du PAM, le gouvernement souffre d'une faiblesse dont la preuve éloquente est l'hésitation régulière à trancher. « Le gouvernement s'est montré disloqué face à la transition démocratique. Il n'a pas pris des décisions audacieuses pour exprimer son refus de toute pression et de tout calcul électoraliste », s'indigne Benchammach. Et d'estimer que les divergences au sein du gouvernement aboutissent inéluctablement à des prises de position plutôt schizophréniques. A l'heure où la volonté de transparence semble réellement endommagée par les péripéties que traverse la commission d'enquête parlementaire sur l'OCE, Benchammach a estimé que le projet de loi (30.11) relatif aux conditions et modalités d'observation neutre et indépendante des élections représente « un pas audacieux ». Approuvé à la majorité (57 en faveur contre 2 abstentions), ce projet de loi a obtenu l'adhésion totale du PAM, représentant de l'opposition, au cours de la séance plénière. « Si nous avons approuvé ce projet, c'est parce que nous souhaitons que les prochaines élections tournent la page définitivement au monopole (…) et construisent une nouvelle étape ouverte à la société civile crédible du Maroc et aux ONG étrangères », tient à souligner Benchammach appelant les responsables de touts bords (société civile, politiques et médias) à mettre en place les conditions adéquates pour assurer au Maroc une réelle transition démocratique. Abdelhakim Benchammach n'a pas été le seul à émettre ce souhait. Abdelmalek Aferiat, du groupe fédéral de l'unité et de la démocratie, a même été plus virulent lorsqu'il a interpellé les députés en leur lançant cette questions « Quelle observation pour quelles élections ? ». « Je m'exprime en tant que militant politique. Je témoigne de ce que j'ai vu de mes propres yeux en 1998 : des urnes disparaissaient de certains bureaux de vote et les résultats étaient prêts bien avant le dépouillement (…) Est-ce que cette étape sonne effectivement le glas de la corruption ? », lance le député. Pour ce dernier, le Maroc aurait dû panser les plaies du passé en engageant des procédures contre les responsables de « la dérive ». « Mais ce sont ces responsables qui, aujourd'hui, reprennent le podium pour promettre la transparence qu'ils ont bafoué autrefois. Il fallait qu'ils répondent de leur crime avant d'engager la transition », estime-t-il. Et de saluer, de son côté également, le projet de loi relatif aux conditions et modalités d'observation neutre et indépendante des élections qui, selon lui, ne peut être qu'une bonne initiative. « Mais nous revendiquons au sein de notre groupe que cette observation soit élargie à l'ensemble des processus électifs dont le référendum et qu'elle soit organisée par le biais d'un cahier de charges et d'un guide national », propose Abdelmalek Aferiat appelant aussi à la libération de tous les détenus politiques.