L'ICPC, le ministère de l'Habitat et de l'urbanisme et les professionnels du secteur scellent une alliance pour mettre en place les mesures et les mécanismes nécessaires pour contrer la corruption dans le secteur. Une nouvelle alliance contre la corruption se profile. Elle concerne un secteur qui s'y prête à bien des égards : l'immobilier. Une convention a été paraphée, hier mercredi 14 septembre à Rabat, entre l'Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC), le ministère de l'Habitat et de l'urbanisme et les professionnels du secteur. L'objectif ultime de cette convention est de mettre en place une stratégie de lutte contre la corruption dans l'immobilier et l'urbanisme. Se sont associés à cette initiative, la Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics, la Fédération nationale des promoteurs immobiliers, la Fédération marocaine du conseil et de l'ingénierie ainsi que l'Ordre national des ingénieurs géomètres topographes et l'Ordre nationale des architectes. Dans son intervention, le ministre de l'Habitat et de l'urbanisme, Ahmed Taoufik Hjira, a soulevé les problématiques des constructions anarchiques et la permissivité corrompue qui va avec, la multitude des intervenants et des lois (100 textes de lois) qui régissent le secteur et qui ouvrent larges les portes de l'utilisation illégale de l'argent. Ce qui ouvre facilement la porte à la corruption. «600 000 autorisations de construire sont délivrées chaque année, notamment par les collectivités locales », précise-t-il. C'est dire que le secteur de l'immobilier est une niche de corruption. Transparency Maroc a tiré à maintes reprises la sonnette d'alarme, notamment en 2009, sur les proportions considérables que prend la corruption dans le secteur de l'immobilier et du foncier. L'alliance scellée avec les professionnels du secteur constitue une base de travail. « Le but de cette convention est de développer une démarche participative dans la lutte contre la corruption », note Abdesselam Aboudrar, le président de l'Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC), qui a rappelé dans ce sens les précédentes conventions de coopération et de partenariat signées avec le ministère de l'Education, la CGEM et l'Observatoire de l'éthique de la douane. Ainsi, les signataires se sont engagés à développer des mécanismes et des mesures de lutte contre la corruption dans l'immobilier. Pour cela, il faut d'abord dresser l'état des lieux. Un diagnostic devra être réalisé avant tout pour prendre les mesures nécessaires. Les différentes parties se sont également engagées à organiser des campagnes de sensibilisation. « Cette convention est un cadre général de lutte contre la corruption dans le secteur de l'habitat et de l'urbanisme. Le ministère de tutelle a jugé bon d'associer les professionnels à cette convention, qui n'est pas une première pour la FNBTP. La Fédération a déjà scellé, en 2008, le Pacte d'intégrité et d'engagement citoyen du BTP avec les ministères concernés et l'ICPC», note Mustapha Miftah, directeur délégué de la FNBTP, dans une déclaration au Soir échos. Et de poursuivre : «A travers cette nouvelle convention, la Fédération s'engage à mener des actions de prévention, de sensibilisation et d'information. Pour nous, la lutte contre la corruption fait partie du corps du métier. Nous avons joué un rôle important dans l'élaboration de la réglementation relative aux marchés publics qui vise à renforcer la transparence et contrer les abus ». Les abus dans l'immobilier sont légion. D'ailleurs, « pour lutter contre la corruption dans le secteur, une carte des zones à risque dans les marché publics devra être établie. Ceci permettra de mieux cibler nos actions », poursuit Mustapha Miftah. De son côté, Omar Farkhani, Président de l'Ordre national des architectes, remet sur la table le décret relatif aux marchés publics. « Il est important et urgent d'adopter rapidement le décret relatif aux marchés publics dans notre secteur. Ce texte de loi a l'avantage de supprimer les contrats de gré à gré. Le commanditaire public ne peut plus confier un marché à un prestataire. Le décret impose le lancement d'un appel à manifestation d'intérêt ou l'organisation d'un concours d'architecture. Ces mesures permettent d'établir les conditions de la concurrence loyale ». Une piste qui devra être suivie par bien d'autres pour éradiquer un phénomène qualifié à juste titre d'endémique par Transparency Maroc.