Le Maroc compte près d'une dizaine de think-tank. Kalima, laboratoire indépendant d'idées, Kalima fait partie de ces groupes de réflexion. Son objectif, à court terme, consiste à se poster en observateur lors des prochaines législatives. La prise de conscience de la transition démocratique au Maroc est désormais irréversible. Le printemps arabe et les manifestations qu'il a déclenchées, depuis février dernier, au Maroc, ont confirmé une chose: la société aspire à des changements qui ne peuvent plus attendre. Créé récemment par un groupe de jeunes marocains, le think-thank Kalima a pour ambition première de transformer les doléances des citoyens en agissements fructueux : « Maintenant, il faut que cette effervescence citoyenne se traduise par des responsabilités individuelles et collectives: le citoyen marocain doit s'accommoder de ses droits et remplir ses devoirs.», nous déclare un des membres du think-tank Kalima. De leur côté, les politiciens, comme les autorités, ont bien évidemment, eux-aussi, leur part de responsabilité. « Les autorités doivent favoriser l'accélération des réformes structurelles à tous les plans et les institutions d'intermédiation, les partis politiques notamment, doivent proposer des projets de sociétés adéquats pour sublimer les sociétaires citoyens », enchaîne notre interlocuteur. Pour Kalima, l'urgence est désormais le mot d'ordre : « Notre think-tank est une résultante de cette nouvelle conscience politique collective, mais aussi d'un engagement individuel, partagé par les membres du groupe, pour la chose publique», nous explique Houda Chaloun, présidente de Kalima. Le jeune think-tank a notamment pour ambition de stimuler le changement à travers de nouveaux outils se rapprochant le plus possible du citoyen lambda. «Nous œuvrerons au débat, à la production intellectuelle, à travers de nouvelles visions innovantes et créatives. Nous avons comme objectif d'assurer la vulgarisation de nos contenus et de ceux des débats actuels de la société. Les actions se focaliseront donc sur la création d'options et la conception d'alternatives politiques concrètes. Montrer la possibilité d' «autre chose» n'est pas tâche aisée. Notre think-tank en fait son combat.», argumente Houda Chaloun. «Montrer la possibilité d'autre chose n'est pas tâche aisée. Notre think-tank en fait son combat». Houda Chaloun, présidente de Kalima. A très court terme, le think tank n'hésitera pas à relever un défi qui décidera de son poids dans les décisions citoyennes futures: durant les élections, Kalima aura un œil sur les urnes. «Nous faisons partie de la société civile et cherchons à nous associer à d'autres ONG pour observer et commenter le déroulement du processus électoral, puis en sortir avec des conclusions et des propositions pour une transparence meilleure», annonce un autre membre de Kalima. Des politiciens vont notamment être invités à cette observation afin de faire une analyse critique des élections et de leur déroulement au Maroc. « Il s'agit d'une analyse méticuleuse sur le système électoral accompagnée de débats et de workshops avec des experts sur les constats du passé, mais aussi et principalement les possibilités non encore exploitées qui pourraient tracer le chemin pour l'Etat démocratique auquel nous aspirons tous. Le livrable est un rapport final mettant en exergue les différents constats et les recommandations auxquelles nous allons aboutir», confie la présidente du think-tank. Mais, les think-tanks, à eux seuls, ne peuvent changer la donne du paysage politique marocain, car plusieurs problèmes de fond demeurent handicapants pour la majorité. Pour les membres de Kalima, «La non-implication de la jeunesse dans le processus global de prise de décision et du changement, le conservatisme de la société, la peur du changement chez certaines élites, surtout celles qui profitent le plus de l'état des choses aujourd'hui, constituent des barrières au changement». Plus que jamais, la kalima du citoyen devrait avoir son poids dans les prochaines élections. Le think-tank Kalima a été créé en juillet 2011, autour des valeurs de démocratie, des droits humains, de l'équité sociale et de l'égalité des chances. Ce groupe de réflexion est composé de jeunes Marocains de formations et d'horizons différents, tous issus de diverses expériences politiques et sociales. A travers la promotion de la production intellectuelle autour de ses valeurs et la création d'un cadre de débat et de critique constructive, Kalima tend à participer et à stimuler l'élaboration «d'un Maroc meilleur» selon une vision claire et un projet tangible.