Marrakech a accueilli samedi la première édition de TEDx Marrakech, un événement original prônant le partage d'expériences et de savoirs. D'autres TEDx sont prévus à Casablanca, le 17 septembre et en octobre. Le TEDx ne laisse pas indifférent. Glisser subtilement de la science à la philosophie, s'interroger sur les psychopathes ou sur la laideur de l'architecture moderne, réfuter la thèse du choc des civilisations avec des arguments musicaux, combattre la peur par la danse : tels étaient quelques-uns des sujets abordés par les originaux intervenants du TEDx Marrakech, organisé samedi au Riad El Fenn. Né en 1984 aux Etats-Unis, les événements TED rassemblent des esprits brillants et novateurs pour faire partager leurs idées au public. « Nous étions très inspirés par le concept. Avec mon mari, nous avons assisté à l'événement TED à Oxford l'année dernière et nous avons demandé la licence pour TEDx Marrakech. Nous voulions apporter ces idées dans la région », nous explique Kolb une des organisatrices, Andrea. Pour cette première édition à Marrakech, la thématique choisie a été celle du «Divan Est-Ouest», faisant référence à un travail de Goethe publié en 1819 et inspiré d'un poète persan. « Dans la situation actuelle, avec le printemps arabe, nous ne voulions pas être trop politiques, mais nous voulions montrer que l'Est et l'Ouest pouvaient s'inspirer l'un l'autre et changer les choses ensemble », détaille Andrea Kolb. Pendant toute une journée, une dizaine d'intervenants sont montés à la tribune pour présenter une idée ou un projet innovant, nourri de leur propre expérience de vie. Toutes les interventions filmées ont ensuite rejoint la grande bibliothèque virtuelle de la communauté TED, consultable sur le site internet TED.com. Alternant surprise, rire et mouvements de tête approbateurs, le public a paru inspiré par les interventions. S'étant déplacé à Marrakech juste pour l'événement, Stephan, un jeune trentenaire berlinois, avoue au Soir échos être séduit par le concept et profite de l'occasion pour faire de nouvelles rencontres professionnelles. Une des rares marocaines présentes à l'événement, Khadija a quant à elle fait le déplacement depuis Casablanca pour assister au TEDx. « C'est la troisième fois que j'assiste à un TEDx. Ce que j'aime dans cet événement, c'est le partage d'idées et du savoir » nous déclare-t-elle, juste après avoir abordé l'un des intervenants pour échanger avec lui directement. Khadija ajoute d'ailleurs sa pierre à l'édifice TED, puisqu'elle est depuis quelques mois membre de la communauté virtuelle des traducteurs, assurant une traduction des interventions de l'anglais à l'arabe. Seul petit bémol de cette première édition, si la thématique s'annonçait pleine de promesses, l'Orient était malheureusement sous-représenté, tant parmi les intervenants que dans le public. « C'est regrettable que la parole n'ait pas plus été donnée à des gens du Proche-Orient ou du Maghreb », déplore Kamar, une participante marrakchie. « C'était le coup d'envoi. Nous ferons mieux l'année prochaine, avec plus de Marocains », espère dans un sourire Andrea. Carrure de sportive et cheveux courts, Heather Cameron ne manque pas d'assurance lorsqu'elle présente au TEDx Marrakech son projet «Boxgirls International». Entrepreneuse sociale, cette canadienne a lancé son programme de renforcement des capacités des femmes par le sport à Berlin. Allant d'école en école avec son équipement de boxe, elle rencontre un vif succès auprès des jeunes filles, et parvient par le sport à encourager le mélange des communautés. Forte de cette première expérience et convaincue de sa portée émancipatrice, elle part lancer le programme en Afrique, au Kenya puis en Afrique du Sud. Par le sport de combat, Heather voit les jeunes filles s'affirmer et prendre confiance en elles. «La boxe est pleine de métaphores. Les jeunes filles apprennent à se battre pour obtenir des choses, à défendre leur espace et elles réalisent qu'en faisant des efforts, elles obtiennent des résultats», souligne-t-elle. Et ce n'est pas un hasard si elle présente aujourd'hui le projet dans la ville ocre. «J'ai l'espoir de trouver un partenaire local pour monter un programme similaire à Marrakech» nous confie-t-elle. A bon entendeur… Plus d'infos sur http://www.boxgirls.org/