La ville de Bani Walid refuse de se rendre. Les insurgés se préparent donc à un assaut pour fait tomber cette ville qui abrite, selon eux, plusieurs dignitaires du régime de Mouammar Kadhafi. Par ailleurs, les nouvelles autorités libyennes ont annoncé des élections générales dans 20 mois. Les négociations n'ont pas abouti entre rebelles et pro-Kadhafi dans la ville de Bani Walid. Les chefs de tribus de cette ville située dans le district de Misrata n'ont pas répondu favorablement à l'appel à la reddition pacifique des combattants du Conseil national de transition. «L'heure n'est plus aux négociations. Les gens de Bani Walid se sont soulevés et nous attendent», a déclaré un représentant des insurgés le 4 septembre. La rébellion se prépare donc à un assaut sur cette ville qui, selon le CNT, héberge des proches du régime de Mouammar Kadhafi. «Il y a plein de membres du régime de Kadhafi venus de Tripoli à Bani Walid. Ils veulent utiliser la ville comme leur forteresse», a expliqué Abdallah Kenchil, le négociateur en chef du CNT. Selon lui, deux fils du guide libyen dont notamment Saadi, sont présents dans la ville. Dans une interview accordée à la chaîne américaine CNN, l'ex-footballeur(Saadi) s'est déclaré «neutre» et attribue l'échec des pourparlers à son frère Seif al-Islam. Même si les nouvelles autorités de la Libye ont repoussé toute offensive des rebelles au 10 septembre, l'impatience gagne déjà les esprits. «Soit ils lèvent le drapeau blanc et ils se rendent, soit les combats commencent», a déclaré Abdelrazzak Naduri, un des chefs militaires des insurgés. Par contre à Syrte, la rébellion a dû renoncer à son offensive mais elle garde toujours ses positions autour de la ville. L'Otan poursuit, quant à elle, ses bombardements sur les centres de commandement des derniers soldats du colonel Mouammar Kadhafi. Par ailleurs, l'Organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch a découvert à Tripoli des archives qui font état de collaboration étroite entre les Etats-Unis sous la présidence de Georges W. Bush d'une part et la Grande-Bretagne d'autre part. Ces documents découverts dans un immeuble des services secrets libyens à Tripoli montrent que la CIA a livré de présumés terroristes au régime libyen dans les années 2004. D'après une note découverte dans ces archives, la CIA avait même établi une présence permanente en Libye en 2004. Selon le New York Times, l'agence américaine de renseignements a envoyé des suspects de terrorisme à huit reprises au moins en Libye pour qu'ils soient interrogés. Ces archives montrent également que c'est Tony Blair, l'ancien Premier ministre britannique, qui avait insisté auprès de Kadhafi pour sa visite médiatisée à Tripoli en 2004. Toutefois, le département d'Etat américain et le ministère britannique des Affaires étrangères ont refusé de commenter ces informations. «Je ne peux faire aucun commentaire sur des informations qui remontent à l'époque d'un gouvernement précédant», a déclaré William Hague, le chef de la diplomatie britannique. Abdelhakim Belhaj, le commandant militaire des nouvelles autorités libyennes, qui faisait partie des présumés terroristes livrés au régime de Mouammar Kadhafi en 2004, a réclamé lundi des excuses à la Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Il a passé sept ans dans la prison d'Abu Salim de Tripoli où il a été torturé pendant plusieurs années. «Ce qui m'est arrivé est illégal et mérite des excuses. J'envisage de poursuivre devant la justice les gouvernements britannique et américain», a-t-il déclaré à la BBC. A Tripoli, la capitale libyenne, les nouvelles autorités ont commencé prendre place. Sur le plan politique, le CNT prévoit des élections générales dans 20 mois. «Le Conseil national de transition va diriger le pays pendant huit mois avant qu'une assemblée élue par le peuple ne prenne les commandes pour rédiger une constitution qui sera adoptée et va conduire aux élections», a déclaré Guma al-Gamaty, le représentant du CNT au Royaume-Uni sur la BBC. Le nouveau régime a également indiqué que l'armée nationale est en pleine «reconstruction». «Nous avons commencé la création d'une nouvelle armée nationale pour protéger la démocratie, les institutions et les civils innocents», a annoncé Omar al-Hariri, le responsable des affaires militaires du CNT. «Nous voulons montrer au monde entier que nous sommes bien capables de reconstruire la Libye», a-t-il ajouté. Accusée d'avoir fourni de l'armement au régime Kadhafi pendant le conflit, la Chine a démenti l'information mais a toutefois reconnu que «Mouammar Kadhafi a pris contact avec des sociétés chinoises». «En juillet, le gouvernement de Kadhafi a envoyé quelqu'un en Chine à l'insu du gouvernement chinois pour prendre contact avec des membres de sociétés intéressées. Mais les sociétés chinoises n'ont pas signé de contrat commercial et n'ont pas non plus exporté d'équipements militaires en Libye», a déclaré lundi Jiang Yu, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.