L'artiste-peintre Saad Bencheffag s'insurge contre la circulation de copies de ses œuvres. Un phénomène qui prend de l'ampleur. Des faux de Saad Bencheffag sont en circulation. L'information est de l'artiste- peintre en personne. « Des gens que je connais m'ont amené une toile censée être la mienne pour vérifier son authenticité. Je me suis tout de suite rendu compte que cette œuvre était un faux », confie Saad Bencheffag au Soir échos. Cet événement a poussé l'artiste à communiquer via Facebook. Sur sa page, il suggère de lui écrire en cas de doute sur l'authenticité d'une de ses œuvres. Mais au- delà de cette action de communication, l'artiste-peintre n'a pas jugé bon d'alerter les autorités. Saad Bencheffag considère que ce sujet des faux dans les œuvres d'art a toujours été monnaie courante et ce, tout au long de l'histoire de l'art contemporain au Maroc. « Vous savez, le faux dans l'art n'est pas un phénomène nouveau. Il date de l'époque de la civilisation grecque. La différence avec les temps actuels, c'est que l'objectif était esthétique et non commercial », souligne l'artiste. Ce dernier demande à ce que le ministère de la Culture crée une commission composée d'experts chargés de certifier les œuvres d'art. « Pour mettre fin à ce fléau, il faudrait qu'une institution s'en occupe », suggère l'artiste. Pour mettre fin à ce phénomène, il considère que les acheteurs doivent arrêter de recourir au marché noir. « Il faut s'adresser aux collectionneurs et aux connaisseurs pour éviter ce genre de situation », conclut-il. Les faux dans la peinture portent préjudice à la fois aux artistes et aux galeristes. « Nous n'arrêtons pas de dire à tous nos clients d'acheter de la galerie et d'exiger un certificat d'authenticité », témoigne le propriétaire d'une galerie de Casablanca sous couvert d'anonymat. « Le faux est encouragé par les gens qui veulent faire des affaires. Ils veulent acheter à petits prix et ils se dirigent vers les bazars », déclare Aziz Daki, critique d'art et copropriétaire de l'Atelier 21 à Casablanca. Ce dernier défend l'idée d'organiser un débat national sur la question du faux au Maroc. Une idée partagée par Mohamed Melehi, président de l'Association marocaine des arts plastiques. Mais avant, le président de l'AMAP prévoit à la rentrée une conférence de presse pour rebondir sur une affaire liée au phénomène et qui n'en finit pas de faire jaser. En mars dernier, l'artiste-peintre Karim Bennani a organisé au sein de sa propre fondation à Rabat une exposition de peintures des deux défunts artistes, Miloud Labied et Mohammed Kacimi, dont il a lui même certifié l'authenticité. Avec le peintre Abdelatif Zine, Karim Bennani est le seul artiste qui ont cette «autorité» pour affirmer l'authenticité d'une œuvre. Une autorité légitimée par le parquet. Or, dès les premiers jours de cette exposition, des amateurs d'œuvres d'art et des collectionneurs ont alerté l'association: les œuvres exposées seraient «fausses». C'est du moins ce que nous affirment des artistes du calibre de Mohamed Melehi dans des propos au Soir échos. Une lettre avait été adressée à Karim Bennani où le président de l'association demande des explications concernant cette affaire. « Après enquête, nous avons appris que ces œuvres appartiennent à un bazariste de Rabat et que le deal a été conclu entre les deux », précise le président de l'AMAP. Karim Bennani a fait appel à un avocat après avoir jugé qu'il était lésé. « C'est une affaire entre le président de l'association et moi. Il faut voir avec mon avocat », nous répond Bennani quand nous lui avons posé la question. Mohamed Melehi ne comprend pas quant à lui pourquoi l'artiste- peintre a fait de ce rappel à l'ordre une affaire personnelle. « La lettre lui a été envoyée au nom de l'association, c'est un document qui a été validé par les membres de l'association après une réunion du bureau », précise- t-il. L'affaire est actuellement devant la justice. C'est dire que les histoires de faux cachent parfois bien des scandales…des vrais.