Le SGG accorde aux cliniques incriminées un délai d'un mois pour se conformer à la loi. Les professionnels se disent soulagés et parlent d'une «victoire de la légalité». Nouveau rebondissement dans l'affaire des cliniques privées et de leur bras de fer avec le ministère de la Santé. Le Secrétariat général du gouvernement vient d'adresser un courrier aux cliniques incriminées par le ministère dans lequel il leur accorde un mois de délai pour leur mise à niveau. Une décision «juste», à croire le président de l'Association nationale des cliniques privées du Maroc, Farouk Iraqi. « Cette décision lance l'application de la procédure prévue par la réglementation en vigueur. Le SGG ne fait qu'appliquer la loi. J'espère que la procédure suivra son cours normal », se félicite ce professionnel de la santé avant de poursuivre : « la ministre de la Santé n'avait aucune raison valable pour prendre la décision de fermeture des cliniques ni de divulguer les noms des cliniques et de leurs médecins directeurs. Il n'y a pas de catastrophe nationale ni de morts à ma connaissance dans ces établissements. On ne peut pas se réveiller un beau matin et décider de fermer des cliniques». Nous sommes dans un Etat de droit et le ministère de la Santé doit respecter la loi. Dans le cas où il s'avère que des établissements devraient être fermés pour non conformité aux normes, les professionnels appellent à des concertations futures avec le ministère de la Santé et le SGG pour trouver des solutions viables et raisonnables, comme la transformation de ces établissements en cliniques de jour. « On ne peut pas se réveiller un beau matin et décider de fermer des cliniques». Farouk Iraqi, président de l'Association des cliniques privées. Pour le président du Syndicat national des médecins du secteur libéral, Mohammed Naciri Bennani, la décision d'accorder un délai de 30 jours aux cliniques incriminées pour leur mise à niveau ne clôt pas l'affaire. «Le ministère de la Santé et le SGG devaient appliquer la loi dès le départ. Maintenant, la procédure est lancée. Cependant, les rapports qui ont été rédigés par la commission constituée par les membres du ministère de la Santé ne sont pas valables et ne sont pas conformes à la loi. La réglementation stipule que la commission d'inspection doit être composée par des représentants du ministère de la Santé et une autre du Conseil de l'Ordre national des médecins. Chose qui n'a été respectée », dénonce ce syndicaliste chevronné. Selon ce dernier, des médecins directeurs des cliniques ont décidé de contester les remarques faites par cette commission qu'ils qualifient « d'unilatérales ». Quid de la plainte qui a été déposée au tribunal administratif de Rabat par les médecins directeurs des cliniques ? « La plainte est maintenue. Les médecins se sentent lésés par la divulgation de leurs noms dans la presse et sont déterminés à aller jusqu'au bout. Le procès débutera le 17 août prochain », révèle Mohammed Naciri Bennani, qui affirme que les avocats des médecins adresseront une réponse au SGG suite à son courrier. Tout porte à croire que les péripéties de cette affaire seront plus longues que prévues et le feuilleton pourrait encore durer. Pour rappel, l'affaire des cliniques privées a éclaté il y a un mois lorsque Yasmina Baddou a annoncé le 8 juillet dernier dans la presse la fermeture de treize cliniques privées jugées non conformes aux conditions minimales légalement exigées pour exercer et la mise en demeure de six autres. La ministre jette de l'huile sur le feu en déclarant qu'elle a adressé un courrier à Driss Dahak, secrétaire général du gouvernement, dans lequel elle lui demande d'inviter « les directeurs des cliniques concernées à suspendre immédiatement toutes les activités opératoires et d'hospitalisation, en attendant la mise à niveau de leurs établissements et la satisfaction des observations émises par les commissions d'inspection ». Le SGG lance un pavé dans la mare en affirmant par voie de communiqué qu'il n'a « reçu aucune décision de fermeture, à l'exception des rapports d'inspection établis par le ministère de la Santé ». Le feuilleton ne s'arrête pas là. Yasmina Baddou publie à son tour un démenti. Les deux autorités gouvernementales se jettent alors la balle. Au risque de vider une mesure a priori louable de toute sa substance. La preuve !