Lors de la première audience opposant Yasmina Baddou aux directeurs des cliniques privées le mercredi 17 août au tribunal administratif de Rabat, l'avocat de la ministre a demandé le report de l'audience d'une semaine, un délai jugé «nécessaire» pour préparer la défense. Le bras de fer entre Yasmina Baddou et les directeurs des cliniques privées se poursuit. Ces derniers sont déterminés à aller jusqu'au bout pour que la ministre de la santé réponde de ses actes devant la justice. Suite aux deux plaintes qui ont été déposées, lundi 18 juillet, contre la ministre de la santé, les directeurs des cliniques privées ont été convoqués par la justice. «L'audience s'est tenue le mercredi 17 août au tribunal administratif de Rabat en présence de l'avocat des directeurs des cliniques privées incriminées, de l'avocat de la ministre de la santé et des directeurs», affirme à ALM Dr Mohamed Naciri Bennani. Le ministère de la santé a demandé de reporter l'audience d'une semaine pour se préparer comme le souligne Dr Nacri Bennani. «Il a finalement été décidé de reporter l'audience à mercredi prochain et ce à la demande de l'avocat du ministère de la santé. Ce dernier a demandé le report pour préparer la défense et sous prétexte de ne pas être au courant des éléments du dossier». En attendant, il faudra attendre la prochaine audience pour être fixé sur la tournure que prendra cette affaire. Afin d'informer la presse sur l'évolution de cette affaire, une conférence a été organisée par le Syndicat national des médecins du secteur libéral (SNMSL) le jeudi 18 août à Casablanca. «L'objectif de cette rencontre est d'apporter des explications sur cette affaire. Nous sommes en présence d'une ministre qui se croit au-dessus de la loi. Nous demandons non seulement sa démission mais elle doit également être punie pour avoir divulgué à la presse les cliniques privées et les noms des médecins», déclare à ALM Dr Mohamed Naciri Bennani. Pour le président du SNMSL, la loi est très claire à ce sujet, la ministre de la santé n'a pas l'autorité pour constituer une commission d'inspection et fermer des cliniques privées. «La demande de l'inspection d'une clinique doit être faite à la demande du secrétariat général du gouvernement ( SGG) ou du conseil de l'Ordre. Et c'est l'autorité judiciaire et elle seule qui peut ordonner la fermeture de l'établissement incriminé», précise Dr Nacri Bennani. Et d'ajouter: «Le SGG ou le conseil de l'Ordre n'ont jamais demandé la fermeture d'une clinique». Pour ce dernier, le constat est là : la ministre de la santé a violé la loi. «Elle doit prendre conscience que sa décision est injuste et contraire à la loi. C'est pourquoi nous réclamons le respect strict de la loi», déclare-t-il. A l'instar de l'Association nationale des cliniques privées, le Syndicat des médecins du secteur libéral a dès le départ contesté la procédure d'inspection menée au sein des établissements hospitaliers. Selon les médecins concernés, aucun indice n'a montré que ces établissements constituaient un danger pour la santé des citoyens qui justifierait leur fermeture. A ce sujet, Dr Nacri Bennani atteste qu'après avoir visité la clinique les « Orangers » à Rabat qui figure parmi les 13 cliniques incriminées, il fut surpris par la qualité tant sur le plan sanitaire qu'au niveau des soins. « Cette clinique est un petit bijou dans la capitale. Les chambres sont très propres et même climatisées alors que la climatisation n'est pas imposé parmi les normes. L'établissement répond parfaitement aux normes de qualité. Un ministre marocain a d'ailleurs été hospitalisé cette semaine dans cette clinique pour une courte durée». Pour l'instant, les cliniques privées sont toujours ouvertes et continuent de fonctionner normalement. Rappelons que le SGG avait adressé une lettre aux directeurs des 13 cliniques privées en leur faisant part des observations qui avaient été émises par les commissions d'inspection. Un délai d'un mois supplémentaire a été accordé à ces établissements pour leur mise à niveau. A l'issue de ce délai, la commission d'inspection procédera à un contrôle pour vérifier si les travaux qui devaient être réalisés ont véritablement été effectués. «Ce délai d'un mois peut être allongé à la demande du directeur de l'établissement pour réaliser tous les aménagements nécessaires», conclut-il.