Crises économiques américaine et européenne obligent, les Banques centrales, comme les particuliers, mènent une course effrénée pour investir dans les lingots d'or. Le Maroc, lui, vit encore sur son petit nuage. Beaucoup se demandent encore si le spectaculaire braquage de lundi dernier à Casablanca, avait pour motivation la fulgurante montée du prix de l'or sur les marchés, avoisinant les 300 DH/gr au Maroc ? En effet, l'or, mesure par excellence de la confiance de l'économie mondiale, bat actuellement des records en raison de la forte demande mondiale. Hier, l'once a ainsi grimpé pour la première fois à près de 1 704,80 dollars, un pic historique. Les investisseurs, eux, se tournent de plus en plus vers des actifs jugés sûrs après que les Etats Unis ontperdu leur précieux AAA. En réalité, le métal jaune a longtemps été considéré comme une valeur refuge pour les investisseurs qui cherchent à minimiser leurs positions risquées. La baisse continue du Dollar a ainsi conduit les investisseurs, notamment les fonds d'investissement, à se diversifier sur le marché des matières premières et, particulièrement,celui de l'or. D'autre part, l'abaissement de la note de crédit de la première économie mondiale a conduit les bourses asiatiques et du golfe à chuter, laissant planer le risque d'un krach boursier généralisé. Les crises de la dette grecque et de la zone euro font craindre le pire en Grèce avec-pourquoi pas-la faillite d'un Etat qui provoquerait une onde de choc phénoménale sur la planète financière. Des facteurs qui ont clairement joué en faveur du précieux métal puisqu'il a gagné 10 % en un mois. Preuve de l'appétit des investisseurs pour l'or, la détention de lingots à travers les ETF a augmenté de 0,3 % le 26 juillet à 2 128,23 tonnes métriques, un niveau record selon les données compilées par Bloomberg. Les Banques centrales des pays émergents se lancent aussi dans la mêlée. Elles ont acheté pour 10 milliards de dollars d'or au premier semestre, soit 180 tonnes, plus du double de 2010, toutes autorités monétaires confondues. Le précieux métal pourrait poursuivre sa montée vertigineuse durant les prochains mois. Toutefois, et malgré ce séisme de petite amplitude certes, sur les places finan le Maroc ne semble pas suivre la tendance. En effet, la réserve d'or marocaine a accusé une baisse 2,4 % par rapport au mois de mai, pour se fixer à 8,36 milliards de dirhams, à l'heure où la majorité des Banques centrales cumulent de l'or. Car elles ont bien compris que tout l'art de la gestion d'une réserve de change consiste dans l'allocation pondérée de la valeur totale de la réserve sur les différentes valeurs (devises et or); quelques Banques centrales perdent néanmoins de l'argent car elles ont surpondéré leurs réserves devises. Un exemple : « Si le Maroc avait placé ses réserves de change au moment où l'once d'or était cotée à 800 dollars, et sachant que l'once est actuellement à plus 1 600 dollars, on aurait doublé les réserves de change du pays », nous a précisé un analyste de la place. La hausse continue du métal jaune a déjà coûté au Maroc près de 8,5 millions DH pour ce premier semestre, contre 1,6 millions DH sur la même période de l'année précédente, selon les derniers chiffres de l'Office des changes. Le pays a ainsi vu sa facture d'importation, relative à ce métal, enregistrer un bond de 431,3 % ; soit 6,9 millions de dirhams : « L'or au Maroc évolue de façon hermétique du fait que l'approvisionnement en matières premières de l'industrie nationale de la bijouterie ne dépend que marginalement de l'importation et reste en grande partie lié au recyclage des bijoux», confie un professionnel du secteur. Cependant, « les commerçants veillent de façon continue à adapter leurs prix aux cours mondiaux du métal jaune dans l'objectif de limiter les sorties informelles de l'or marocain vers d'autres pays. Un phénomène qui s'accentue quand les prix au Maroc sont inférieurs aux niveaux mondiaux », précise la même source. Ceci dit, le précieux métal pourrait poursuivre sa montée vertigineuse durant les prochains mois. Une montée stimulée par la conjoncture économique et financière américaine et européenne et par la «guerre des devises». Tant que le déficit commercial et financier américain se creuse, que la situation en Europe ne s'améliore guère et que les investisseurs et les Banques centrales se réfugient dans les métaux, l'once d'or, propulsée, pourrait même dépasser dans les prochains mois le seuil de 2 000 dollars l'once. Et comme l'estiment les analystes, le consommateur paiera encore plus cher son bijou en or.