Fruit du projet Meda Films Developpement, La 5e Corde, récompensé par le prix du Jury au Festival du cinéma africain de Khouribga qui sortira au cinéma Lynx de Casablanca fin septembre, retrace le destin d'un homme depuis sa rencontre avec la musique andalouse. Entretien avec la réalisatrice Selma Bargach. Comment êtes-vous venue au cinéma ? J'ai suivi des études d'arts plastiques (option cinéma expérimental) à la Sorbonne, Paris I. Au départ, je n'avais pas du tout l'idée de m'aventurer vers ce genre cinématographique, car il est très peu présent au Maroc. De retour de France, j'ai travaillé à l'ONA, puis je suis retournée à Paris afin de terminer ma thèse. J'avais toujours un réel désir de cinéma, j'ai rencontré Amal Ayouch qui m'a conseillée d'assister aux répétitions de Destin de femme, réalisé alors par Hakim Noury, puis son épouse m'a encouragée à travailler sur le tournage comme seconde assistante : j'étais en parfaite adéquation avec l'énergie du plateau. Cette expérience m'a confortée à poursuivre l'aventure, j'ai ensuite travaillé sur des films de Farida Belyazid, Djilali Ferhati et Saâd Chraïbi. J'ai également enchaîné les clips et les publicités, parallèlement aux tournages de nombreux longs-métrages. J'ai ensuite rencontré la future productrice de La 5e Corde, Rachida Saadi (Janaprod), lors du tournage de Loin, réalisé par André Téchiné à Tanger. La fille de Rachida souhaitait à cette époque passer un casting pour ce film. C'est à partir de ce moment qu'a germé l'idée de La 5e Corde ? Non. Il s'agissait d'un projet que je caressais depuis très longtemps. Bien avant les deux courts-métrages Jamais plus et L'ascenseur ainsi que le documentaire L'appel de l'âme, que j'avais réalisé depuis. L'idée de La 5e Corde était née durant mes études à Paris, mais je n'avais encore pas l'expérience requise pour ce film expérimental sur la musique. Pourquoi souhaitiez-vous évoquer ce sujet ? J'ai des origines andalouses ; par ma culture et mes années de lycée, je suis francophone. Je voulais renouer avec mes racines et la culture andalouse dont j'avais été coupée. Avant de commencer à écrire le scénario, j'ai fait énormément de recherches à propos de cette musique. Je voulais précisément montrer le parcours d'un musicien de musique andalouse. Il m'est même arrivé de me réveiller au beau milieu de la nuit et d'avoir envie de jouer du luth ! Après la première mouture, j'ai envoyé le scénario à Meda Films Developpement, nous étions en 2007. Mon projet y a été retenu, je devais travailler en binôme avec un producteur. Rachida Saadi, convaincue par le thème, est devenue ma productrice. Nous avons réécrit le scénario durant deux ans. Comment s'est déroulé le choix des comédiens ? Pendant l'écriture du work shop, il nous fallait savoir ce qu'impliquait nos choix par rapport à la production. Ce premier long-métrage se situait de plus, dans trois villes : Essaouira, Casablanca et Tanger. En écrivant, je pensais à Hicham Rostom, que j'avais vu dans Le silence des palais. Je lui ai envoyé le scénario finalisé le jour de son anniversaire ; il a accepté le rôle en me disant que c'était un beau cadeau… Le choix de la musique apparaissait aussi au plus fort de l'écriture car la musique est le personnage principal, qu'il fallait faire évoluer, tel un personnage à travers le parcours initiatique, spirituel de Malek (Ali Esmili). J'avais imaginé le trio Joubran, par rapport à la musique andalouse, puis la rencontre avec le compositeur Safy Boutella est arrivée un peu plus tard. Je l'ai vu à Montpellier lors du pitch de mon film, alors qu'il passait, il s'est arrêté et a attentivement écouté ce que je disais. La 5e Corde est l'histoire de belles rencontres et de hasards. Que vous a inspiré le prix du Jury qui a récompensé La 5e Corde lors du festival du du cinéma africain de Khouribga ? C'est une véritable reconnaissance de la profession. Je me suis, en fait, sentie prête à passer à autre chose. Le jeune public, plus présent qu'à Tanger, âgé de 14 à 18 ans a témoigné un réel intérêt pour le film. Il m'a posé de nombreuses de questions et s'est identifié au personnage. Ce film peut en définitive, rencontrer son public.