La régionalisation avancée accorde plus d'autonomie aux régions et aux collectivités locales. Outre le volet politique, elle promet un développement plus harmonieux et moins d'inégalités. Le Résident général Lyautey se plaisait à dire que le Maroc était un pays divisé en deux : le «Maroc utile» et le «Maroc inutile». Force est de constater qu'au jour d'aujourd'hui, l'expression est toujours de rigueur. Et c'est bien à cette problématique-là que la projet de régionalisation avancée a voulu répondre. Afin de concevoir son projet, la commission chargée par le roi et présidée par Omar Azziman, ancien ministre des Droits de l'Homme, a d'abord «mené des réflexions pour déterminer les conditions à mettre en place pour que les régions soient en mesure de remplir pleinement et efficacement leur rôle en matière de conception et de déploiement de politiques locales», peut-on lire sur un rapport de la commission. Autrement dit, l'un des objectifs que lui a fixés le souverain lors du discours qu'il a adressé à ses membres le 3 janvier 2010, a été de donner suffisamment de moyens aux collectivités locales pour qu'elles puissent, par elles-mêmes, contribuer à leur propre développement socioéconomique. D'autant que l'objectif fondamental et prioritaire qui a été assigné au projet de régionalisation est « la mise à niveau social des régions », plus particulièrement celles se trouvant dans le «Maroc inutile ». Avant qu'elle soit politique, la portée du projet a donc d'abord été sociale. Dans son discours du 9 mars dernier, Mohammed VI a insisté sur la solidarité entre les régions, corrigeant le préjugé qu'on pouvait se faire sur le rapport «autonomie – concurrence des régions». Or, c'est précisément cette idée que le projet de régionalisation a voulu combattre. Les présidents des conseils régionaux jouiront désormais de leur pouvoir d'exécution et ne dépendront plus des gouverneurs et walis. Dans ses recommandations, le Conseil consultatif de la régionalisation (CCR), préconisait trois points importants : le transfert des domaines de compétences de l'Etat vers les collectivités locales, la mise en place d'un fonds de mise à niveau sociale et la mise en place d'un « fonds de solidarité » qui peut avoir comme première dotation 10 % des ressources nouvelles dont seront dotées les régions pour donner un contenu concret et immédiat à la mise en œuvre de ce principe de solidarité. Toutes ces mesures visent à aider les régions défavorisées à surmonter leur retard et à rendre effectif le terme « solidarité sociale » prononcé par le souverain. Afin de relever ce défi, la régionalisation avancée sera accompagnée d'une série de mesures visant à soutenir le développement socioéconomique des régions enclavées. La première d'entre elles étant le renforcement du rôle du secteur privé, appelé à jouer un rôle déterminant en matière de valorisation des potentiels et de création des richesses. Ensuite, le Système national d'information statistique sera plus performant, par sa subdivision en Systèmes régionaux d'information statistique. Et enfin, lutter contre la corruption et promouvoir la bonne gouvernance, en réformant la loi organique des finances. Un défi majeur attend désormais nos élus locaux, puisque c'est bien à eux qu'incombe la réussite du projet de régionalisation avancée. Les présidents des conseils régionaux jouiront désormais de leur pouvoir d'exécution et ne dépendront plus des gouverneurs et walis. Il leur sera attribué la gestion totale des budgets des assemblées communales pour le financement des projets, notamment ceux à caractère social, dont une bonne partie des régions marocaines manquent cruellement.