Les opposants de Bachar el-Assad, réunis à Istanbul en Turquie, ont donné naissance samedi à un Conseil de salut national qui réunit des islamistes, des militants de gauche, des chefs tribaux et autres dissidents en exil. Un seul objectif : renverser le régime en place. Malgré leurs divisions, les opposants du régime syriens de Bachar el-Assad réunis samedi 16 juillet à Istanbul ont élu un Conseil de salut national. Il était question lors de ce sommet de former un gouvernement en exil, mais les syriens présents ont décidé de le remettre à plus tard, et ce, pour une raison centrale : réunir en son sein le maximum de Syriens : « Nous devons tendre la main à d'autres mouvements d'opposition pour conduire le pays vers notre projet démocratique », a déclaré Haisam Al-Maler, figure de l'opposition, interrogé à l'issue d'une conférence régulièrement houleuse. Une conférence jumelle aurait dû se tenir simultanément entre Damas et Istanbul grâce a un système de visioconférence, mais sous la pression des services de sécurité, les intellectuels et dissidents syriens qui devaient y participer ont dû y renoncer. Parmi les 350 délégués présents à Istanbul, dont la plupart étaient des dissidents en exil depuis plusieurs années ; tous n'étaient pas favorables à la formation d'une administration parallèle avec comme objectif principal de faire pression sur le président Bachar Al-Assad, que se soit dans la rue ou sur le plan politique, afin de mettre fin à son régime dictatorial. Le Conseil de salut national nouvellement élu devait se réunir dimanche pour désigner 11 membres d'un comité distinct, chargé d'organiser un nouveau congrès « dont l'ordre du jour sera dominé par l'élection d'un gouvernement en exil pour aborder la période de transition après la chute du régime », a expliqué Adib Chichakli, militant démocrate issu d'une lignée de responsables politiques, installé en Arabie saoudite. Mais en Syrie, les islamistes, militants de gauche, dignitaires tribaux, ou autres représentants de la communauté kurde et dissidents en exil n'ont que peu de choses en commun, que se soit idéologiquement ou politiquement. Mais l'hostilité sans borne au régime baassiste qui les persécute depuis des décennies les rassemblent plus que jamais : « Le sens des responsabilité les poussera à dépasser les luttes de pouvoirs. S'ils ne le font pas, la rue les discréditera », a assuré Radouane Ziadeh, dissident réputé, qui vit à actuellement Washington. Outre la formation d'un gouvernement parallèle, Wael Al-Hafez, l'une des figures de l'opposition présente à Istanbul, à appelé à un mouvement de désobéissance civile. «Je suis pour toute chose qui unifiera le peuple syrien, aidera la population et nous unira dans notre combat contre ce régime répressif, illégitime, qui a usurpé le pouvoir et bafoué les droits de l'homme», a-t-il dit devant les centaines de personnalités réunies en Turquie. Vendredi, les troupes fidèles à Bachar el-Assad, dont la famille gouverne la Syrie depuis 41 ans, ont tué 32 civils au cours d'immenses manifestations. Samedi, une personne a été tuée et cinq autres blessées lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants près de la frontière irakienne. En visite officielle en Turquie, la secrétaire d'Etat américaine Hillay Clinton a continué de vilipender le régime baassiste, jugeant la répression d'inquiétante : « La brutalité doit cesser. L'opposition doit faire un effort sincère et légitime pour essayer de faire changer les choses », a-t-elle déclaré lors d'une rencontre avec des jeunes dans un café. « L'avenir de la Syrie est désormais entre les mains des Syriens et, bien évidemment, les efforts mis en œuvre par l'opposition pour se rassembler, s'organiser et définir un agenda sont tout aussi importants », a estimé la secrétaire d'Etat américaine. Ahmed Davutoglu, son homologue turc, s'est montré beaucoup plus catégorique envers le régime d'el-Assad. « Un gouvernement qui méprise les revendications de sa société ne peut pas survivre », a-t-il dit, après avoir conseillé au président syrien de mettre en place «une véritable thérapie de choc» pour ouvrir la voie à la démocratie. Depuis le début des manifestations à la mi-mars, la répression a fait quelque 1 600 morts selon les militants des droits de l'Homme. L'opposition syrienne avait dédié les manifestations de vendredi aux milliers de personnes arrêtées depuis le début du mouvement de protestation. Environ 15 000 sont toujours en détention, selon des militants.