A Oujda, et dans la localité de Bled L'kheir située dans la commune rurale de Sidi Yahya, se situe une ferme qui se distingue des autres vastes champs de la région. Etendue sur un espace de 4 hectares, cette ferme est entretenue par l'Association interculturelle pour le développement de l'écotourisme solidaire Europe/Maroc et Handicap AIDESEM. Ce projet de ferme a redonné espoir à plusieurs personnes handicapées et de familles défavorisées de la région. «Les personnes handicapées endure une double souffrance dans le milieu rural. En plus de leur handicap qui ne leur permet pas de travailler, ils ne trouvent généralement pas des travaux qu'ils peuvent exercer malgré leur handicap», La ferme a également une mission pédagogique vu qu'elle accueille des étudiants agronomes et des écoliers de la région. explique Amina Issaoui, présidente d'AIDESEM Maroc, cette militante qui a passé plus de 25 ans dans le domaine de la protection des enfants. Elle a eu l'idée, ainsi que d'autres associatifs de la région de monter un projet pouvant assurer des revenus stables aux personnes handicapées de la région. «Cela fait 8 ans qu'on pense à un projet générateur de revenus qui implique et les handicapés et les femmes défavorisées. Ce n'est qu'en entrant en contact avec AIDESEM France que le projet a pris forme et a été lancé en 2007. C'est AIDESEM France qui nous a insufflé cette idée de ferme multifonctionnelle», raconte la fondatrice d'AIDESEM Maroc. Cette association a été créée pour concrétiser et suivre le projet de la ferme. La mission de cette dernière ne se limite pas seulement à générer des bénéfices aux personnes défavorisées de la région, mais également la promotion du maraîchage biologique. «On a voulu que la culture soit biologique pour que notre ferme soit un exemple à suivre par les autres agriculteurs. Toutes les plantes sont cultivées et entretenues avec des méthodes bio», assure Amina Issaoui. Et d'ajouter «Au début, on a commencé par cultiver les oliviers puis on a procédé à intégrer graduellement d'autres cultures notamment les amandiers et les citronniers. On va introduire prochainement les plantes aromatiques». Pour la main d'œuvre, elle est constituée de personnes handicapées et des femmes de la région. «Le travail se fait selon un programme bien défini. Chaque saison, on recrute un groupe d'une vingtaine de femmes pour effectuer le travail d'entretien des arbres et de récolte. Six personnes handicapées participent également au travail au niveau des ateliers de conditionnement en assurant notamment le nettoyage ou le tri des olives», explique la présidente d'AIDESEM Maroc. La ferme a également une mission également pédagogique. «Des étudiants dans le domaine de l'agriculture et également des écoliers de la région effectuent régulièrement des visites pédagogiques. C'est une façon parmi d'autres pour promouvoir l'agriculture biologique dans la région», indique Amina Issaoui. Après trois ans de son lancement, le projet semble bien marcher. «La ferme assure maintenant des revenus pérennes aux femmes qui y travaillent et aussi aux personnes handicapées qui se sentaient inutiles avant. La qualité de nos produits et leur nature biologique nous facilite la vente qui est limité actuellement au marché local», indique Amina Issaoui cette perfectionniste qui vise loin. «On a des projets d'introduction d'autres cultures et de développement de la production notamment du lait et du miel. On projette également l'aménagement des espaces où s'effectue le conditionnement des oliviers. On est en train de rechercher des fonds surtout pour le financement du projet d'aménagement des ateliers de conditionnement. Cela nous permettra de nous lancer dans la production de plusieurs autres produits dérivés à savoir le savon bio à base de l'huile d'olive et les huiles essentielles», ajoute-t-elle. Amina Issaoui n'a pas omis de mentionner l'apport d'AIDESEM France dans l'amélioration de la qualité des produits de la ferme. «Elle nous a accompagnés depuis le début du projet et n'a pas cessé de nous envoyer des bénévoles et formateurs dans le domaine de l'agriculture pour encadrer le travail au sein de la ferme», affirme-t-elle. Elle a ajouté qu'AIDESEM France participe également à la sensibilisation et de formation des femmes rurales. Elle a envoyé, le week-end dernier, une équipe médicale constituée essentiellement de cardiologues qui ont assuré des consultations gratuites aux femmes travaillant dans la ferme. «Les femmes de la région sont exposées aux risques de plusieurs maladies notamment cardiovasculaires et le diabète. Cette action médicale a été l'occasion également l'occasion de sensibiliser ces femmes aux risques de ces maladies», explique la présidente d'AIDESEM Maroc. Zoom sur AIDESEM Maroc AIDESEM Maroc a vu le jour à Oujda en 2008. Parmi ses principaux objectifs, l'appui aux personnes handicapées en luttant contre leur exclusion. Elle leur donne accès également à de différentes activités culturelles. L'association œuvre aussi pour l'amélioration des conditions de vie des personnes défavorisées en créant une dynamique de co-développement solidaire et durable. D'où l'idée de la mise en place d'une ferme cultivée avec des méthodes biologiques. Des missions qui ne sont guère faciles à accomplir. «Le climat de la région n'est pas du tout favorable. La région connaît une pénurie d'eau qui s'est accentuée cette année par les vagues de sécheresse», indique Amina Issaoui qui est devenue une expérimentée dans le domaine de l'agriculture. Malgré le problème du climat sec, l'association AIDESEM Maroc arrive tout de même à tenir le coup. «On essaie d'adapter nos cultures aux aléas du climat et on utilise toutes les méthodes qui peuvent nous aider à optimiser notre consommation de l'eau», explique la présidente d'AIDESEM Maroc. Celle-ci œuvre également pour la promotion du patrimoine de la région en favorisant l'accès à la connaissance à travers les visites pédagogiques des étudiants agronomes et des écoliers de la région à la ferme.