La Bourse de Casablanca a organisé en son siège jeudi dernier, un workshop sur « comment financer son entreprise par le marché boursier ?». Détails. S'introduire en bourse n'est pas un jeu d'enfant et exige bon nombre de prérequis : une organisation claire, une bonne gouvernance, de la transparence, etc. Financer son entreprise par le marché boursier, est-il un bon choix stratégique ? D'autant que la réglementation boursière en vigueur prête encore le flanc à la critique. Le workshop organisé par la Bourse de Casablanca en son siège, jeudi dernier, sous le thème «Comment financer son entreprise par le marché boursier ?» a permis de mettre en lumière un certain nombre de lacunes caractérisant encore le cadre réglementaire et juridique des opérations boursières. À commencer par le cas d'introduction en bourse par voie de cession d'actions. En effet, les plus-values sur cession d'actions sont taxées sur la base du coût historique. Dans ce cas de figure, « le droit fiscal marocain ne fait pas de différence entre le court et le moyen termes », explique Mohamed Hadid, président du Conseil national de l'Ordre des experts comptables. En d'autres termes, on la considère comme si l'entreprise avait été créée la veille. Aux yeux de Karim Hajji, DG de la Bourse de Casablanca, taxer les opérations de la même manière pénalise l'investissement à long terme. Autre point de discorde, l'estimation du prix de l'action lors d'une procédure d'introduction en bourse. Certes, les banques d'affaires jouent un rôle capital qui consiste à fixer le prix de vente des actions, mais les analystes financiers ont eux aussi leur mot à dire sur l'estimation du prix, à savoir s'il est attractif ou pas. Là encore, le risque de se tromper existe. Hajji détaille que cette profession n'est d'abord pas réglementée, et de plus, elle coûte de l'argent. À son avis, il faut développer des analystes financiers indépendants. Pour avoir un prix correct, il est question de mettre en place un évaluateur indépendant. Et c'est là le grand défi, surtout que le marché reste le seul maître à dicter ses lois. La Bourse de Casablanca compte 75 sociétés cotées, Amman en compte 277, la Tunisie 53, l'Egypte 228, la Turquie 339 et l'Afrique du Sud 700. Autre point culminant, le flottant. Sa faiblesse sur la place financière casablancaise fait l'unanimité. D'ailleurs Hajji, lui-même, confirme que le flottant actuel demeure largement insuffisant. Et d'ajouter qu'une réflexion est en cours pour l'améliorer. Les mois à venir verront certainement la mise en place d'un dispositif d'encouragement, assure Hajji. Car un flottant important impactera, à la hausse, la liquidité de l'entreprise, en ligne avec le nombre croissant de ses transactions et, à la baisse, le risque de variation du cours de son action. Par ailleurs, ce workshop, dont l'objet était de sensibiliser les PME sur le potentiel de financement et de liquidité que peut procurer le marché boursier, laisse dégager, à en croire Idriss Berrada, DG d'Attijari Finance Corp, la banque Conseil de l'OPV Delta Holding, que l'investissement en bourse de Casablanca garantit une plus-value de l'ordre de 200 % au lieu de 20 % à l'international. Hajji annonce à cette occasion que la Bourse casablancaise rembourse les PME dont les fonds propres ne dépassent pas les 50 millions de dirhams à hauteur de 500 000 DH. Une seule condition : émettre 20 % des actions représentant son capital social, que ce soit par voie d'augmentation de capital ou par cession. Ces mesures incitatives au profit des PME dont la capitalisation financière actuelle est inférieure ou égale à 2 % sont d'autant plus encourageantes dans la mesure où elles donnent déjà une visibilité sur le futur. Le lancement de Casablanca Finance City à partir de l'année prochaine en dit long sur cette initiative.